Plus de 15 ans d’existence déjà pour ce quartet emmené par Serge Camps, légendaire guitariste qui joua entre autres avec Ivan Rebroff, Aliocha Dimitrievitch, Arbat ou Angélo Debarre et fonda la Roue fleurie dans les années 80, haut lieu parisien des manoucheries et tsiganeries en tous genres. Si Opus 4 a perduré, c’est qu’il a su ne pas se cantonner au strict répertoire des cabarets russes (il n’y en a d’ailleurs quasiment plus à Paris), comprenant que pour toucher un large public, il fallait aussi des chansons ; il faut dire que ces excellents instrumentistes (Piotr Sapieja, violon, chant, Pierre Procoudine-Gorsky, guitare, chant et Frank Anastasio, contrebasse, chant) peuvent tout jouer et ne s’en privent pas.

Dans cette nouvelle autoproduction (seul moyen de garder une entière liberté et enregistrer ce qu’ils veulent, quand ils veulent), on passe de Django (Mabel et une version nerveuse de Viper’s dream avec chorus enlevés n’ayant rien à envier aux cadors du style)à la grande chanson française (Gainsbourg, Trenet ou il suffirait de presque rien, succès de Reggiani dont Sanseverino avait déjà donné une belle version swinguée), de traditionnels tsiganes à quelques grands tubes internationaux (l’Americano, le parrain, Bambino). Ce qui fait la différence, c’est bien sûr le traitement, cette capacité à s’emparer de n’importe quel, matériau et d’en faire de l’Opus 4, grâce à un son et à des arrangements personnels (cf leur version du poinçonneur des lilas) : importance accordée au chant et aux harmonies vocales (ce sont tous d’excellents chanteurs), mise en place, musicalité, sans oublier le swing et les passages instrumentaux toujours enlevés (cf le chorus de Pierre sur Les petits papiers ou les interventions de Piotr qui conjugue virtuosité et sentiment). La magnifique Valse à 3 temps signée Serge Camps, conjuguant poésie et nostalgie, nous fait regretter que ce soit la seule compo originale de ce disque par ailleurs très convaincant.