Après plus de 10 ans de compagnonnage avec son ami d’enfance Samson Schmitt, voilà le premier CD de Timbo Mehrstein ; et disons le d’emblée, c’est l’un des meilleurs disques dans le style sorti ces derniers temps ! Puisant dans l’important vivier de musiciens sévissant du côté de Forbach où il réside, le violoniste s’est entouré d’une fine équipe : Popots Winterstein (le frère d’Hono) et Benji, son fils, aux guitares d’accompagnement (une pompe d’une redoutable efficacité), Jean-Gérard Loescher, contrebasse et Geisela Reinhardt, styliste dans le pur style manouche allemand (il fit partie du légendaire quintet de Titi Winterstein et joua aussi avec Wedeli Köhler ou Pouro Sinto), qui signe en outre trois morceaux convaincants (cf le swinguant For Brenda, où son solo remarquablement construit conjugue aisance et décontraction, ou For Shelby, valse enlevée où sa guitare virtuose et l’accordéon de Mario Fantauzzi, invité sur quelques titres, ont la part belle). Digne héritier d’un Martin Weiss, aussi convaincant sur les swings nerveux (cf Kenya ou Gwendy swing) que sur les ballades sensibles (cf Pour toi, avec l’accordina bienvenu de Mario), Timbo conjugue dans son phrasé décontraction, swing et élégance.

Trois standards joués 1000 et 1000 fois sont portés à un haut niveau d’interprétation : Lady is a tramp dans une version brillante et nerveuse sur laquelle Timbo, véritablement impérial, swingue à mort et s’envole, Les parapluies de Cherbourg avec un Nathanael Briegel, invité sur ce titre, qui se lâche à la guitare électrique, et What a difference a day makes, illuminé par le chorus foudroyant de Sébastien Félix, guitariste bien sous estimé, invité sur ce morceau. Pour le reste, de solides compositions des uns et des autres, au classicisme certain et faisant la part belle aux mélodies chantantes (cf Maydji de Benji Winterstein avec des guitares d’accompagnement aux petits oignons ou Un jour de Juillet, belle compo de Popots à la mélodie légère, l’occasion pour Geisela de briller). Virtuose du violon, Timbo est aussi un compositeur inspiré et sentimental (il signe 5 morceaux dont Maré Tchavengé et Miri Smillya, deux ballades mélancoliques).

Le discret et talentueux Timbo n’est pas assez connu à mon gout ; espérons que ce beau disque en tous points réussi (le swing manouche dans ce qu’il a de plus authentique) le mette sur le devant de la scène ; Il mérite d’être invité à Samois !