Entre 1954 et 1956, Henri Crolla est en vacances d’Yves Montand dont il est le guitariste depuis quelques temps déjà. Les deux amis amis se sont quittés sur le triomphe des deux cents concerts du Théâtre de l’Etoile. Ils se retrouveront deux ans plus tard pour une tournée en U.R.S.S.
C’est durant cette courte période que Crolla va graver pour la firme Véga quelques faces, géniales... et très jazz. Crolla a en effet jusqu’à présent enregistré surtout en tant qu’accompagnateur et compositeur de musiques de film. Mais n’oublions pas que Django en personne lui a montré les rudiments du jazz. Il ne l’oublie pas non plus en nous offrant ces standards en compagnie de Martial Solal, d’Emmanuel Soudieux et de Jacques David.
Jouant sur Selmer, comme Django, sa musique est pourtant très différente de celle du génial manouche. Un très joli son, avec un sustain étonnant, beaucoup de lyrisme et de douceur, un swing discret et surtout "une sensibilité mélodique exquise" écrira Antonietto.
Une musique à l’image du bonhomme qui en aura marqué plus d’un ; dont Emmanuel Soudieux qui se souvient dans French Guitare : "Crolla, c’était un saint. Les gens tristes, il les faisait rire. Les gens pauvres, il les aidait. Ceux qui avaient froids, il leur donnait son pardessus. Ca lui est arrivé dans la rue, comme ça..."
Et oui... Comme ça.
Face A :
1. Mon homme (A. Willemetz/J. Charles/M. Yvain)
C’est mon gigolo (J. Brammer/L. Casucci) 3’04
2. Star dust (M. Parish/H. Carmichael) 3’15
Face B :
3. Sonny boy (A. Jolson/B.G. de Sylva/L. Brown/R. Henderson) 2’47
4. The man I love (I. & G. Gershwin) 3’26
Enregistré en 1955 à Paris.
Réédition Jazz in Paris en 2002 sous le titre Begin the Beguine.