Après avoir débuté dans les dancings et les bals musette, il se produit à la fin des années 50 Chez Louisette, pittoresque petit restaurant au cœur des Puces de St Ouen, avant de s'installer en 1960 à la Chope, petit bistrot de la rue des rosiers qui désire engager des musiciens les jours d'ouverture du marché aux Puces. Mondine y jouera chaque WE pendant plus de 35 ans, d'abord accompagné par un accordéoniste puis très vite par Niglo Landauer (guitare), son cousin, ou Spatzo Adel (guitare, violon), pratiquant un swing gitan populaire au parfum inimitable, alternant thèmes de Django, valses musette dont il est un spécialiste, standards de jazz, bossa novas mais aussi succès à la mode (la foule, les plaisirs démodés...). On est dans un café et il faut plaire aux touristes et aux parigots. La musique est là, sans frime mais avec beaucoup de cœur et de sentiment ; Le phrasé, le vibrato, la mélodie et l'émotion, voilà l'essentiel ! Mondine c'est avant tout un son : les guitares type Selmer (le plus souvent Busato ou Favino) amplifiées par un micro Stimer, un son très roots avec pas mal de réverbe. Si Mondine donne le ton, les amis de passage sont les bienvenus ; tout est possible, rien n'est prévu. Ce café minuscule d'à peine quelques mètres carrés verra passer beaucoup de guitaristes, connus et moins connus mais souvent redoutables : Jacques Montagne, Sarane Ferret, Baro Ferret et Matelo Ferret, Piton Reinhardt et ses fils Coco et Samson, Raphaël Faÿs, Christian Escoudé, Biréli Lagrène... Dans les années 60-70, Mondine a entretenu la flamme à une époque où la musique de Django n'était plus en vogue, et sans trop se demander d'ailleurs si cette musique sortirait un jour d'un petit cercle d'amateurs. Beaucoup de guitaristes y feront leurs classes, Marc Fosset, Tchavolo Schmitt, Romane, Rodolphe Raffalli, Potzi, Sanseverino, Thomas Dutronc entre autres .
En 1976, c'est Ninine qui prend le relais à l'accompagnement ; il n'a pas 20 ans et devra attendre une dizaine d'années avant d'être soliste à son tour ; « avant de courir il faut apprendre à marcher », lui répète souvent son père.
Quatre 33 tours et deux 45 tours verront le jour entre 1969 et 1983, des disques auto-produits tirés à 500 exemplaires et longtemps introuvables, dans lesquels Mondine est la plupart du temps le guitariste soliste. L'essentiel des titres a été réédité par Patrick Saussois, lui aussi un habitué de la Chope, sur son label Djazz records.
Aujourd'hui c'est Ninine qui officie, accompagné par son fils Rocky et son neveu, Mundine ; on est en famille, bien ancré dans la tradition. Depuis que le swing manouche est à la mode, la Chope est devenu un lieu mythique (ça n'a pas toujours été le cas) connu dans le monde entier, un endroit culte où tous les djangomaniaques viennent en pèlerinage.
Pour finir, laissons la parole à Patrick Saussois : « La musique de Mondine, son style, sa sonorité font de lui un poète de l'instrument, un musicien qui touche au plus profond chacun d'entre nous car ses notes vont droit au cœur sans détour inutile. Faisant fi des exercices de virtuosité gratuite et des effets à sensation, il nous offre une musique comme il n'en existera peut-être plus jamais quand il décidera de remiser sa guitare pour de bon, une musique sans fard, sans artifice (…) écoutez avec votre cœur et votre âme, comme il sait si bien mettre la sienne dans sa musique. »