Après un silence discographique d’une dizaine d’années, voilà la nouvelle galette de l’accordéoniste Jean-Claude Laudat, parue sous le nom de Paname swing, formation au sein de la quelle on retrouve son vieux compère Jean-Yves Dubanton à la guitare électrique, ainsi que Laurent Fradelizi à la contrebasse et David Georgelet à la batterie.

Cette rencontre entre musette gitano-parisien et rythmes afro-américains n’est pas le mariage de la carpe et du lapin ; on a simplement l’accordéon de Jean-Claude Laudat en guise d’orgue Hammond B3 ; et l’on ne perd pas au change, croyez moi ; ça l’fait mon cousin !
Tout d’abord parce que le répertoire très éclectique sort des sentiers battus ; on passe de thèmes boogalo (mélange de soul et de rythm and blues) du saxophoniste Lou Donalson, comme ce superbe Midnight creeper qu’il enregistra en 68 avec Benson à la guitare, à la danse norvégienne de Grieg, de Besame mucho à turn around d’hank Mobley, de Tea for two à casbah de Tad Dameron…un répertoire presque dansant ou easy listening où la belle mélodie et les rythmes chaloupés sont à l’honneur.

Ensuite, parce que bien sûr, tout est dans l’interprétation ; et là, si c’est la classe décontractée, ça joue comme on dit ! La complicité entre Jean-Claude Laudat et Jean-Yves Dubanton est totale (ils étaient tous deux dans la première mouture d’Alma Sinti, groupe du regretté Patrick Saussois, avant d’enregistrer deux beaux disques en duo), chacun se fendant de remarquables interventions conjuguant inspiration, musicalité et concision (cf sur Tea for two par exemple, dans un bel arrangement). Boostés avec finesse par une rythmique souple et lègère, ça swingue ! Bref, cette fine équipe impose sa marque à tous ces standards ; une interprétation délicate, sincère, sans aucune esbroufe, conjuguant respiration, musicalité et plaisir de jouer ; l’accordéoniste se fend d’une belle « valse anthracite » de sa composition tandis que Jean-Yves Dubanton signe « l’indienne », morceau enlevé dont le thème fait penser à Julie la rousse de René Louis Laforgue.
Une belle surprise donc !