Sur ce très bel album de Schnuckenack Reinhardt sorti en 1975 (un des plus beau à mon goût...), le célèbre violoniste sinti délaisse un temps son fameux Quintett façon "Hot Club" pour un très traditionnel Zigeunerorchester. En effet, pas de reprise de Django ni de swing dans cet enregistrement... non, puisque tout l’album est consacré au folklore hongrois et à la musique tzigane, interprétés ici de main de maître.
Les musiciens restent ceux du neue Quintett : Bobby Falta, Schmehling Lehmann et Ricardo Reinhardt aux guitares, Jani Lehmann à la contrebasse, tous ici très convaincants. Avec aussi un nouvel ami, répertoire oblige, l’excellent cymballiste hongrois Laszlo Nyari qu’on avait déjà pu entendre sur le second album du quintet.
Naturellement, le répertoire réserve une place de choix au folklore hongrois et tzigane : des danses, des csardas et des chansons interprétées avec fougue et sensibilité par Schnuckenack. On retiendra queques perles : un Fuli Tschaï d’anthologie avec un cymballum déchaîné, un Vieux Tzigane (Puro Sindo) particulièrement inspiré où Schnuckenack démontre une fois de plus qu’il sait parfaitement faire monter "la sauce", une version de Sombre dimanche (Einsamer Sonntag) dont la tristesse et le désespoir font écho au célèbre Gloomy sunday de Billie Hollyday (rappelons que la diffusion radiophonique de cette chanson par Lady Day sucita quelques suicides aux USA... du moins la légende le raconte !), un Bonjour Schnuckenack qui arrachera des larmes de ceux qui ont résisté au dimanche pluvieux précédent... Et aussi une étonnante version de la Flambée Montalbanaise (Viseur), rebaptisée ici Bari jaag (Grand feu)... Pourquoi pas !
Un très beau disque qui rend hommage à la grande sensibilité du violoniste.