Le 23 décembre dernier disparaissait un immense musicien : Oscar Peterson. Le pianiste canadien, spécialiste du trio et qui appréciait sans doute plus que tout autre la compagnie des guitaristes (on a pu entendre à ses côtés Barney Kessel, Herb Ellis, Louis Stewart, Ulf Wakenius, Joe Pass...) était aussi un grand admirateur de Django Reinhardt. Il suffit d’écouter son "Nuages" de 1956 avec Herb Ellis enregistré au Stratford Shakespearean Festival pour s’en convaincre.
De son côté, Stéphane Grappelli qui n’aimait pas que les guitaristes rechercha, joua et enregistra avec bon nombre de pianistes (il était, rappelons-le, lui même un excellent pianiste). Evoquant d’ailleurs l’infaillible soutien que représentait Django à ses côtés, il déclarait à l’époque de cet enregistrement : "Depuis, j’ai trouvé Georges Shearing, Martial Solal, Oscar Peterson, Marc Hemmeler, Daniel Humair avec qui je peux me sentir à l’aise" nous rappelle Alain Tercinet dans les liner notes de la ré-édition "Jazz in Paris".
En février 1973, se retrouvaient donc en studio ces deux "monstres sacrés" du jazz pour deux journées d’enregistrement : deux journées qu’on imagine fort bien mises à profit puisque le matériel ainsi saisi permis de presser deux albums. Pour les accompagner il fallait une rythmique à la hauteur de l’évènement : le contrebassiste NHOP avait déjà précédemment fait ses preuves auprès de chacun des deux solistes, et le plus français des batteurs américains, Kenny Clarke, lui n’en avait plus à faire.
Sur un répertoire très classique de standards alternant les ballades et les swings plus enlevés, la mise en place souvent identique (introduction de Peterson, thème de Grappelli, chorus violon, chorus piano... ) ne nous fera pas oublier le formidable lyrisme du violoniste, la virtuosité et les contrechants inspirés du pianiste, le swing imparable qui se dégage de cette musique, ainsi que l’écoute et la complicité fantastique unissant ces grands musiciens alors au sommet de leur art...
Rappelons que ces deux LP sont ré-édités dans la collection Jazz in Paris/Universal... pour une somme très modique !

Django, Barclay et Peterson