Régulièrement, un adolescent voire un enfant prodige de la 6 cordes fait s’affoler les gazettes ; souvenons-nous de Bireli Lagrène qui, à 12 ou 13 ans, enregistrait son 1er disque en Allemagne ; une starisation aussi précoce peut rapidement déstabiliser voire détruire un ado ; ce fut le cas de Jimmy Rosenberg, aujourd’hui perdu pour la musique, hélas.

Parmi les très jeunes qui montrent le bout de leur nez aujourd’hui, citons Levis Adel, Swan Berger ou Antoine Boyer ; il leur faudra compter avec Andréas Varady (que m’a signalé Michel lefort auquel rien n’échappe ! Il faut dire que les videos d’Andréas font le buzz sur you tube). Né en Slovaquie en 1997, ce jeune rom vit en Irlande depuis 3 ans. Voilà donc son 1er disque enregistré à l’âge de 13 ans quasiment dans les conditions du live, avec David Lyttle, co leader à la batterie, Bandy Varady (le père) à la guitare et Michael Janisch à la basse ; pas de swing manouche ici, même si Andréas paie son tribut à Django (impressionnante version de Swing 48 jouée en duo avec le paternel, tous deux à la guitare acoustique), mais du jazz et une guitare électrique dans la tradition des grands maîtres ricains (Benson, Martino, Joe Pass...).

Si son phrasé limpide d’une belle fluidité conjugue chorus flamboyants et accélérations foudroyantes (cf la version éblouissante de Shadow of your smile), les interventions d’Andréas ne sont pas exemptes de quelques clichés ; on a l’impression qu’il sait trop de choses (peut-être digérées un peu vite justement) et qu’il ne sait pas toujours quoi en faire. Les 9 titres alternent standards (Giants steps de Coltrane, Donna lee de Parker...) et compos personnelles : deux de Varady (cf l’excellent Blues for Edward) et deux de Lyttle. Laissons le temps à Andréas d’acquérir un peu de maturité ; Voilà en tous cas un premier disque tout à fait convaincant d’un futur grand (si les petits cochons ne le mangent pas !)