Suite des aventures nipponnes de Daniel Colin ; c’est quand même un comble qu’un de nos tous meilleurs accordéonistes n’enregistre quasiment que pour le Japon ! il faut dire qu’il y est une quasi star ! Revers de la médaille, l’ami Colin doit plus ou moins jouer ce que les nippons ont envie d’entendre, la musique parisienne éternelle ou l’image qu’ils s’en font : chansons rive gauche et musette parisien.
Enregistré en studio à Paris, « Rendez-vous à Saint Germain des prés » voit la rencontre entre Daniel Colin et Tetsuya Kuwayama, accordéoniste japonais dont je ne sais pas grand-chose (les liner notes sont en japonais), si ce n’est que ce quarantenaire a sorti 6 ou 7 disques au pays du soleil levant. Entouré des fidèles Gregory Veux (piano), Dominique Cravic (beau chorus à la Crolla sur le dernier musette, morceau du répertoire des Prim’dufs en hommage au regretté Didier Roussin) et de la chanteuse Claire Elzière (qui s’empare des amants d’un jour de Piaf avec un naturel et une fraicheur qui touchent au cœur), les deux accordéonistes dialoguent de belle façon sur des standards du jazz, du swing musette et de la chanson ainsi que quelques compos personnelles. Si Tetsu a des doigts et envoie quelques fusées (cf sur Bluesette où il est à l’accordina), il sait aussi poétiser quand il faut (cf C’est si bon) ; quant à Colin il joue comme un Dieu !
Ce qui justifie ma chronique ici, c’est la magnifique interprétation de Nuages, dans une version rare que l’auteur du texte, Jacques Larue, modifia dans les années 50, chantée en duo par Dominique Cravic (voix au timbre un peu voilé) et Claire Elzière à la voix pure et naturelle, bien soutenus par JM Davis à la batterie et L.Larcher à la contrebasse, avec Mathilde Febrer très en verve au violon, une pure merveille ! L’équipe ne démérite pas sur Swing valse (JM Davis est ici au vibraphone) dans une version qui rappelle celle de baro sur Swing valses d’hier et d’aujourd’hui.
Quelques copains sont venus donner le coup de main, comme Raul Barboza, présent sur les deux versions d’Intimidad (l’une avec orchestre, l’autre en duo avec Tetsu), le clarinettiste Bertrand Auger (cf son arrangement original sur Petite fleur) ou Jean Corti, présent sur Nany, perle que Joseph Colombo lui avait offerte et dédicacée, ici dans version royale à 3 accordéons. Un répertoire déringardisé, débarrassé de ses habituelles orchestrations variétoches et souvent vulgaires, par des musiciens classieux qui rendent ces standards pourtant entendus 1000 et 1000 fois, aussi frais qu’au premier jour.
1. Nany 2’32
2. Loin de toi 3’18
3. C’est si bon 4’51
4. Le dernier musette 3’15
5. Bluesette 3’40
6. Nuages 4’09
7. Intimidad 3’37
8. Les amants d’un jour 3’06
9. Swing valse 2’30
10. Stand art 2’37
11. Petite fleur 3’14
12. Boo love love 4’47
13. Intimitad (duo) 3’03
14. Llaria 4’38