Pour son nouvel album, Lollo Meier s’est cette fois-ci offert une rhytmique britannique, carossée comme une Jaguar et ronronnante comme une Rolls ; Andy Crowdy dèjà entendu au côté de Gary Potter outre-manche tient la contrebasse, et c’est Dave Kelbie (qui accompagna un temps Angélo Debarre et Fapy Lafertin pour leurs albums en Albion...) qui assure la pompe. Rien à dire, il y a du métier, de l’efficacité, et même un joli chorus de contrebasse.
Pour le répertoire, Lollo a l’élégance d’alterner standards et compositions, valse et swing, ballade et bossanova, l’éclectisme seyant parfaitement à notre délicieux guitariste qui prouve une fois encore qu’il peut tout jouer en conservant sa touche personnelle délicate et sensible. Pour ce qui est des compositions, on retrouvera une sympathique ballade bucolique La route de Paris déjà entendue sur Hondarribia et la très jolie Valse à Lollo qui illuminait son premier opus "Rencontres". Et quelques inédits plutôt bien tournés (Rosas...)
On a déjà dit ailleurs tout le bien que l’on pensait de Lollo Meier. Et bien répétons-le et crions le sur tous les toits : Lollo Meier est un grand guitariste ! Malheureusement encore trop méconnu dans nos contrées et bien trop mal distribué dans nos bacs ; les organisateurs de concert auraient tôt fait de s’intéresser sérieusement à son cas et de le faire venir jouer en France. Un son précis et qui sent bon le vieux bois et les années de pratique, une sensibilité laissant plus parler les arpèges aérés et aériens que les déluges de mineures harmoniques, une virtuosité employée à bon escient, un placement rythmique donnant le sourire, et un petit quelquechose de Fapy qui nous rappellerait aussi Django... Tous ses chorus se chantent : Lollo semble avoir le culte de la mélodie et celui du bon goût.
Plus de réserves, en revanche, avec le jeu du jeune prodige venu des Flandres Tcha Limberger ici au violon (il est également excelent guitariste...). Capable du meilleur comme du pire, il illustre assez bien la célèbre maxime de Bobby Lapointe comme quoi le violon peut être jouer juste... ou tsigane ! Formidable sur certains titres (exceptionnelle ambiance sur "What is this thing called love" avec une intro prise très lente sentant bon la Roumanie, les forêts transylvaniennes et, plus loin encore, les mystères de l’orient...), il déçoit sur d’autres par une justesse discutable : "Blues Skies", un très joli titre avec un beau chorus de Lollo, aurait amplement mérité une seconde prise moins hasardeuse au violon ; tout comme "Step swing" qui finit carrément "out". Et que dire de "I surrender dear" chanté par le jeune homme d’une voix aux limites de ses capacités et bien mal maitrisée (ça passe sans doute en concert, mais ça a du mal à passer le cap de l’enregistrement...) C’est un peu dommage, car Tcha Limberger peut s’avérer par ailleurs un remarquable swinger aux idées passionnantes.
On conseille tout de même largement le disque car on y trouvera de beaux moments de musique. Et puis il y a Lollo Meier, et rien que ça, ça vaut l’investissement.
1. I love you (Archer/Thompson) 3’07
2. Step swing (L. Meier) 4’30
3. Blue skies (I. Berlin) 3’49
4. Rosas (L. Meier) 3’30
5. Crazy rhythm (J. Meyer/R. Kuhn) 3’16
6. I surrender dear (Barris/Arnheim/Clifford) 5’58
7. Lady be good (G. & I. Gershwin) 2’29
8. I’m getting sentimental over you (Bassman/Washington)
Vous et moi (D. Reinhardt) 4’47
9. Brazil (Barrosso) 3’45
10. Valse à Lollo (L. Meier) 2’59
11. Some of these days (Brooks) 2’53
12. La route de Paris (L. Meier) 3’20
13. What is this thing called love (Porter) 6’05
14. Dinette (D. Reinhardt) 4’10
15. Pepe’s dream (L. Meier) 1’49
Enregistré en octobre 2006 au Studio A Recordings, Holland.