Stéphane Wrembel, nous le connaissions par disques interposés, car nous avions eu à écouter une pré-maquette de pré-disque il y a bien des années, qui montrait à l’évidence que ce garçon promettait. Et puis, évaporation. Où était-il ? Où jouait-il ? Mystère et poil en biais.
Pour la première soirée organisée par le site www.djangostation.com , bien connu des amateurs de swing manouche, et dans le cadre des Nuits Duvel du Swing Gitan, le quintet de Stéphane Wrembel était donc de retour en France, avant de repartir aux States. Du nanan. Salle comble comme il se doit, des habitués au comptoir, des dineurs attablés, et le quintet démarre sur du swing manouche bon teint avec des airs que Django, il ya a soixante ans, avait dans son répertoire et qui, eux, ne se sont jamais démodés. Il commence par « All of Me », remarquablement revisité avec des chorus brillants notamment de Stéphane Wrembel (g), du violoniste Daniel John Martin, l’hôte de la soirée qui ne chante pas mal du tout, et de David Langlois, formidable washboardiste qui se révèlera par la suite un excellent percussionniste. Et ça continue avec « Nuages » ou « I Can’t Give You Anything But Love ». Un jeu de guitare tonique et vivifiant, avec de curieuses ruptures de rythmes et des envolées lyriques qui éblouissent. Ça déménage. Le bassiste David Speranza, le batteur et le guitariste de la pompe ne déméritent pas non plus. Loin de là.
Courte pause pour faire souffler les chevaux et refroidir un peu les médiators. Une deuxième partie commence, plus hispanique, plus gitane, à base de rumbas, de bulerias, de valses espagnoles brillantes et fulgurantes. Le washboardiste est devenu percussionniste et ça joue plus dynamiquement encore. Des compositions, un tsunami, pour terminer sur une valse manouche de derrière les fagots, qui ne laisse personne indifférent. Stéphane Wrembel a un toucher de guitare puissant, virtuose sans être véloce pour la vélocité en soi, bref, c’est du grand art.
La troisième partie et les suivantes vont voir d’autres musiciens, bassistes, batteurs, guitaristes comme Jonathan Joubert ou Ramon Galan, violonistes comme Chris Hayward (magnifique prestation en double avec Daniel John Martin sur « Bossa Dorado », la première bossa qui est entrée dans le swing manouche) pour un bœuf jusqu’à point d’heure, comme on dit en Ardèche. Le tout dans une ambiance conviviale, saine, festive et surtout, mélomane. Car, manifestement, ici, on aime la bonne musique. Entrée gratuite, chapeau circulant en salle pour les musiciens, plats abondants et abordables, service souriant et aimable, musique d’extrême qualité, comment voulez-vous que ce paradis sur terre (j’oubliais : on peut se garer relativement facilement) ne voie pas sa réputation faire tache d’huile.