Vétéran de la scène gypsy allemande (le Hot club de Zigan existe depuis 1974), le violoniste Schmitto Kling n’avait rien enregistré (à ma connaissance) depuis le disque « Witchcraft » paru en 1990. Pour ce retour il se produit avec une formation totalement renouvelée ; à la guitare électrique, Forello Reinhartd, le fils de Schnuckenack ; à la contrebasse Jani Lehmann (il était avec Forello dans la formation de Schnuckenack des années 70/80 ) ;
à la guitare d’accompagnement, Mirano Kling, sans doute le fils de Schmitto, et au piano, Helmut Weiss qui tire l’ensemble vers le jazz ; le répertoire va aussi en ce sens ; aucune reprise de Django ni des cadors de swing manouche, mais des standards ricains (Just one of those things, Estate, tenderly, 2 for the road...) qui alternent avec 4 chansons dont 2 chantées chantées en romanès, façon crooner ; sur quelques titres (estate par ex) on entend un batteur, non mentionné dans les notes de pochette réduites au minimum : pas d’indication des compositions ni de la durée des morceaux. Excepté sur My foolish heart et Somewhere over the rainbow, interprétés par Fabiola Weiss (on est très loin ici de ce qu’on appelle swing manouche) on ne sait pas trop qui chante , sans doute le leader. Violoniste dans la lignée de Schnuckenack, Schmitto Kling est aussi à l’aise sur le répertoire jazz ( cf son swing et son sens de l’impro sur Just one of those things) que sur celui d’Europe centrale (cf le très sentimental Puro Wurdi, sans doute un traditionnel), où le violon très hongrois (avec un final façon czardas) dialogue avec un piano très classique dont les cascades de notes évoquent le cymbalum. Si "Sunrise sunset" n’a peut-être pas la flamboyance d’un disque comme "Adagio" (à quand une réédition en CD ?) et manque sans doute d’une vraie direction artistique, il est bien représentatif de la Musik Deutscher sinti. Recommandé !