Sur ce premier 45 tours jazz enregistré pour Vogue en 1967 à la demande de Charles Delaunay, Babik Reinhardt rompt déjà avec la tradition du Hot Club. Même s’il reprend encore ici (concession au studio ?) deux titres de Django, Nuits de St Germain des Prés et Troublant Boléro, il ne les joue pas à la manière de l’illustre gitan. Force est de constater qu’il amorce là l’ébauche d’un style très personnel, fait à la fois de ses influences américaines et de l’esthétique de son pére.
Car Babik ne renie rien ; en 1993, il répondait ainsi un journaliste de jazz Hot l’intérrogeant sur l’aspect indépassable de la musique de Django : "Quand j’ai écouté Jimmy Raney pour la première fois, j’ai laissé tomber Django Reinhardt. Je n’aimais pas ce que faisait mon père quand j’avais 12 ans. Ma mère essayait de m’expliquer, j’avais baigné là dedans, mais je ne peux pas dire que j’avais envie de jouer cette musique. C’était Jimmy Raney, Tal Farlow. Après je suis revenu en arrière. Même si j’aime toujours Raney et Farlow."
Une crise d’adolescence particulièrement bien résolue, en somme...!
Face A :
Swing 67 (B. Reinhardt) 2’40
Abandon (B. Reinhardt) 2’35
Face B :
Nuits de Saint-Germain-des Prés (D. Reinhardt) 2’50
Troublant Boléro (D. Reinhardt) 3’05
Enregistré en 1967.