Pour cet album sorti dans une certaine confidentialité en 1999, le violoniste sinti Wedeli Köhler s’est entouré de belle équipe de musiciens. Si la rythmique basse guitare est la même que celle de son précédent album (Peter Gropp déjà entendu chez Titi Winterstein, ainsi que l’un des fils de Wedeli, Sascha Köhler), on va aussi pouvoir découvrir deux excellents musiciens : le pianiste Jermaine Landsberger et le guitariste Jörg Seidel.
Si ces deux musiciens partagent la même passion pour Django Reinahrdt, ils sont aussi d’ardents connaisseurs du jazz américain. Jermaine Landsberger, formidable pianiste sinti (et aussi remarquable joueur de B3 !) a déjà sorti sous son nom bon nombre de disques, et pratiqué son art avec quelques belles pointures : Pat Martino, Biréli Lagrène, Harvey Mason, Denis Chambers, James Genus, Martin Taylor... Pas mal ! De son côté, Jörg Seidl, guitariste autodidacte qui a beaucoup joué chez les manouches a déjà échangé avec Larry Coryell, Martin Weiss et Biréli... Les chorus de ces deux solistes sont toujours très réussis, et la virtuosité du pianiste assez confondante : son magnifique accompagnement sur Hungria I, impressionnant duo tzigane piano/violon se situe dans la directe continuité du formidable travail de Valia Belinsky (dont on se rappelle les duos avec le guitaristre Challain Ferret...)
Grâce à ces deux musiciens très ouverts, la musique de Wedeli prend dans ce très beau disque une ampleur exceptionnelle. Le violoniste, fidèle à lui même et plus tzigane que jamais semble particulièrement inspiré, et ses chorus sont admirablement soutenus par deux rythmiques qui se superposent adroitement, la pompe traditionnelle de Sascha Köhler étant agréablement allégée par le drive et la subtilité harmonique du piano de Landsberger.
Une belle réussite, donc, où se mélangent tradition et modernité de manière éclatante.