Si les hommages à Django Reinhardt sont légion, ceux consacrés à son complice au sein du quintette du hot club de France, se comptent sur les doigts de la main ; après Didier Lockwood, Costel Nitescu, Ronan Pinc, Jorg Seidel et Beni Schmidt, voilà celui du trio de Tim Kliphuis, violoniste hollandais qu’on a pu apprécier aux côtés de quelques cadors du swing manouche comme Stochelo, Angelo, Fapy ou Paulus Schäfer.
Pour ce Grappelli album enregistré live à Glasgow le 29 septembre 2013, Tim Kliphuis est entouré de ses complices habituels, Roy Perry, solide contrebassiste qu’on a vu entre autres aux côtés du violoniste australien Georges Washingmachine, et Nigel Clark, excellent guitariste qui se produit aussi avec le Scottish guitar quartet, le trio Koshka d’Oleg Ponomarev ou bien encore Jan Akkerman et Philip Catherine ; le trio violon-guitare-contrebasse est une formule instrumentale qu’affectionnait particulièrement Stéphane Grappelli (souvenons nous de son trio avec Marc Fosset et Jean-Philippe Viret) ;
Celui très équilibré de Tim Kliphuis (chaque instrumentiste étant aussi un redoutable soliste), est aussi convaincant sur tempo vif (cf les nerveux Shine et Piccadilly stomp, par exemple où le contrebassiste slappe comme un beau diable et les solistes swinguent et envoient fusée sur fusée) que sur les ballades (cf le nostalgique Souvenir de Villingen, compo mélancolique de S.Grappelli). Le répertoire alterne standards que le violoniste affectionnait comme Honeysuckle rose, How high is the moon ou Shine , deux compos de Django (Stompin’ at Decca et Swing 39) et quelques compos romantiques du maitre, superbes et méconnues comme valse du passé, la chanson des rues ou hesitation.
Conjuguant fluidité, élégance et sens de l’improvisation, Tim Kliphuis, toujours très en verve mais n’oubliant jamais le sentiment, s’approche du son et du phrasé du maître. Ses petits camarades sont au diapason, musicalité étant le maitre mot. La guitare jazz ne semble plus avoir de secret pour Nigel Clark qui alterne jeu en accords et en single notes, virtuosité (cf son accélération sur hesitation) et respiration, toujours attentif à la construction de ses chorus.
Bref, un très bel hommage à Stéphane Grappelli, qui aurait sans doute apprécié ! Voilà un trio à inviter à Samois.
1. Honeysuckle Rose (Waller/Razaf) 5’00
2. I surrender dear (Barris/Clifford) 4’43
3. Valse du passé (Grappelli) 3’36
4. How high the moon (Lewis/Hamilton) 4’42
5. La chanson de rue (Grappelli) 5’13
6. Piccadilly stomp (Grappelli) 3’19
7. J’attendrai (Olivieri/Rastelli) 3’06
8. Où es-tu mon amour (Stern/Lemarchand) 3’56
9. Swing 39 (Reinhardt/Grapelli) 3’44
10. Souvenir de Villingen (Grappelli) 3’44
11. Hésitation (Grappelli) 4’37
12. Shine (Dabney/Mack/Brown) 4’26
13. The nearness of you (Carmichael) 4’36
14. Stompin’ at Decca (Reinhardt/Grappelli) 2’52
Enregistré live à Glasgow le 29 septembre 2013.