Jean-Baptiste Struber a été formé au jazz classique par de sacrées pointures de la guitare : Pierre Cullaz, Serge Merlaud, Jean-Marie Ecay... Tous excellents musiciens et brillants noms de la six-cordes qui ne font cependant qu’évoquer de loin l’univers du jazz manouche ; et qui ne destinaient à priori pas JB Struber à tomber dans la marmite à Django ! Et pourtant, JB se passionne dès le début pour la musique du génial manouche dont il apprend en parallèle le style sur une guitare à grande bouche.
Le projet du Struber Swing tel qu’il nous est proposé sur ce disque est de combiner le jazz vocal d’un chanteur au drive d’une rythmique manouche sans tambour ni trompette. Projet pas si nouveau que ça, les manouches le font depuis longtemps, et les récents exemples réussis abondent (Biréli Lagrène/Sara Lazarus, Lemmy Constantine/Rocky Gresset et Adrien Moignard, Johnny Rosenberg/Mozes Rosenberg, pour ne citer qu’eux...). La petite différence, c’est qu’ici, le chanteur Valéry Haumont n’hésite pas à scater et improviser comme un instrument, et cela sur pas mal de titres.
L’album est d’ailleurs assez plaisant ; la rythmique menée par Rodolphe Bazière (g) et Olivier Lorang (cb) déroule parfaitement le tapis aux solistes, la guitare de JB Struber phrase joliment en combinant tradition et modernité dans la droite lignée de Biréli Lagrène (et de ses suiveurs Moignard, Gresset, Convert, etc...). Son accompagnement est particulièrement excitant, n’hésitant pas à relancer et dynamiser la pompe de manière très efficace. Au niveau du chant, on gardera cependant certaines réserves même si on apprécie la démarche improvisatrice de Valéry Haumont.
Le répertoire et les arrangements réservent d’excellentes surprises. Quatre compositions de facture assez moderne sous forme de funk (Brothers island), de swing (Illusion), de valse (Trois temps à coux) ou de bossa (Insième) sont signées du guitariste, mais on préfère largement les adaptations des standards qui deviennent parfois quasi méconnaissables ; ainsi, le début the The way you look tonight aurait pu être signée Andy Summers des Police (!), tandis qu’I will survive subit une ré-écriture inédite tout à fait remarquable. Si la reprise de l’Hymne à l’amour est elle un peu ratée, celles des thèmes bop de Barbados et de Perdido sont très convaincantes.
À noter la participation amicale et réussie de Samy Daussat sur deux titres : Vous qui passez sans me voir et Barbados.
1. For once in my self (R. Miller / O. Murden) 05’01
2. The way you look tonight (D. Fields / J. Kern) 04’56
3. Hymne à l’amour (E. Piaf / M. Monnot) 06’28
4. Trois temps à coux (J.B. Struber) 03’58
5. Perdido (E. Drake / J. Tizoli) 02’46
6. Brother’s Island (J.B. Struber) 04’11
7. Barbados (C. Parker) 03’47
8. Vous qui passez sans me voir (C. Trenet / J. Hess) 04’27
9. Illusion (J.B. Struber) 03’28
10. Insième (J.B. Struber) 03’32
11. I will survive (D. Fekaris / F. Perren) 02’59