C’est en juin 1955 que sont gravées ces huit petites plages par Henri Crolla pour la firme Véga. Et comme il s’agit une fois de plus de jazz (Crolla n’a pas enregistré que ça...), le talentueux guitariste a fait appel à ses amis du Club St-Germain où il a ses habitudes depuis quelques temps. Emmanuel Soudieux et Jacques David sont toujours de la partie. Par contre, exit Lalos Bing alias Martial Solal ; mais Crolla ne perd pas au change puisque c’est Georges Arvanitas qui s’assoit au piano... Et l’Ensemble est complété de Michel Hausser au vibraphone et Maurice Meunier à la clarinette.
Sur des standards américains, Crolla pose son petit son de Selmer élctrifiée assez unique. La décontraction et la souplesse sont des qualificatifs évidents du son de ce guitariste qui a toujours préféré la mélodie à la virtuosité ostentatoire. On sent toujours dans son jeu toute l’admiration qu’il porte à Django Reinhardt, avec en plus quelquechose d’autre, et une sensibilité tout à fait singulière. André Hodeir, qui composa avec Crolla bon nombre de musique de films, avait son avis sur la question : "Crolla avait un petit quelquechose de la technique de Django. En bon musicien, il avait assimilé les trouvailles de Django, mais dans un esprit tout de même un peu différent, parce que Crolla, c’était un italien. Il avait cette sensibilité napolitaine, la romance... Ce n’était pas un tsigane ! Mieux que d’autres guitaristes aussi, parce que d’une part, il avait plus de technique que la plupart (...) et que d’autre part, il était assez malléable : quand quelque chose lui était entré dans l’oreille, il le gardait et le faisait fructifier. Il était plus sensible et plus imaginatif que la moyenne des musiciens."
Face A :
1. There’s a small hotel (L. Hart/R. Rodgers) 3’50
2. Lullaby of birdland (G. Shearing) 3’42
3. Body and soul (E. Heyman/F. Eyton/J. Green) 5’39
4. Alembert’s (H. Crolla) 2’36
Face B :
5. The Continental (H. Magidson/C. Conrad) 3’38
6. All the things you are (O. Hammerstein II/F. Eyton) 3’02
7. If I had you (T. Shapiro/J. Campbell/R. Connelly) 3’27
8. These foolish things (H. Marvell/J. Strachey/H. Link) 4’04
Enregistré en Juin 1955 à Paris. Réédition en 2002 dans la collection Jazz in Paris sous le titre Begin the beguine