En mai 2011, chroniquant ici la réédition d’ »a cielo aperto », excellent disque paru il y a une dizaine d’années et qui n’a pas pris une ride, je me demandais si le swingtet de Maurizio Géri existait encore ? Ce « tito tariero », nouvelle galette d’un orchestre quelque peu remanié, me donne la réponse. Du groupe initial ne restent que Nicolas Vernuccio, contrebasse, Luca Giovacchini, guitare d’accompagnement et Maurizio Géri, bien sûr, à la guitare solo. La clarinette est maintenant tenue par Michele Marini et l’accordéon par Giacomo Tosti, deux excellents musiciens complètement intégrés au swingtet et qui envoient de brillants chorus ; bref une équipe soudée où chacun a sa place et participe de manière égale à la cohésion et au son de l’ensemble, la formule instrumentale permettant des arrangements riches et variés (thèmes à l’unisson, questions-réponses enlevées des uns et des autres, contrechants, mise en place impeccable). Ca swingue sans jamais forcer.
Guitariste fin et sensible (c’est notre Fapy Lafertin me disait justement un italien en juin dernier à Samois), Maurizio conjugue toujours poésie et musicalité dans son élégant phrasé ; pas de plan ni d’esbroufe ; ses notes ont toujours un sens ; écoutez son interprétation lumineuse en solo de Mélodie au crépuscule, ici sur une guitare Godin classique ; après un exposé tout en finesse, Maurizio alterne jeu en accords et en single notes avec un grand sens de la respiration ; une leçon pour tous les apprentis Django. Maurizio est aussi un compositeur hors pair ; il signe 8 des 12 titres et tous les arrangements ; notre homme conjugue exigence musicale et sens de la mélodie (cf Mito, mélancolique à souhait, en hommage au regretté Mito Loeffler, Algeri ou Presente Archeologico chanté par Maurizio en italien) ; personnellement j’ai un faible pour ses valses, petits chefs d’œuvre de délicatesse (cf Piccolo valzer ou ce magnifique Gingillonne de plus de 5’, véritable petit bijou).
Les quelques reprises sont choisies avec gout : une czardas hongroise (Cette nuit là), une magnifique version de Mélancolia, illuminée par un chorus de Maurizio conjuguant sens de la construction et décontraction, une interprétation tout à fait convaincante du Hunn, o Pani Naschella du regretté Titi Winterstein, musicien que Maurizio affectionne. Si maurizio s’inscrit dans la tradition, il la prolonge avec classe en développant un langage personnel (cf le remarquable Foresta).
Le Maurizio Geri swingtet avait fait sensation à Samois il y a plus de 10 ans maintenant ; il est grand temps de les réinviter, n’est-ce pas Mr Sébastien Vidal ?
1. Ali’s swing (M. Geri) 4’20
2. Gingillone (M. Geri) 5’19
3. Melancolia (V. Catton) 3’51
4. Mélodie au crépuscule (D. Reinhardt) 3’32
5. Cette nuit là (trad.) 4’35
6. Presente archeologico (M. Geri) 4’27
7. Rapido per Algeri (M. Geri) 3’30
8. Algeri (A. Balia, M. Geri) 3’00
9. Foresta (M. Geri) 5’06
10. Hunn, o pani naschella (T. Winterstein, L. Reinhardt) 4’45
11. Piccolo valzer (M. Geri) 3’43
12. Mito (M. Geri) 4’22
Enregistré du 4 au 12 juin chez Maurizio Geri en Italie.