On peut tout jouer à la manière manouche... on s’en doutait déjà un peu après avoir entendu jouer Lété indien en bossa manouche ou Hello Dolly en swing. Avec ce disque de Christophe Lartilleux, il n’est plus du tout permis d’en douter, car le facétieux guitariste a pris un malin plaisir à reprendre à sa façon les morceaux les plus inattendus de son panthéon musical personnel : Polnareff (Tous les bateaux, tous les oiseaux), Françoise Hardy et Gainsbourg (Comment te dire adieu), Michel Sardoux (Une fille aux yeux clairs), Dany Brillant (Ronsard 96), et même les séries télé d’antan (L’homme du Picardie) ! Encore plus étonnant, Lartilleux pioche aussi dans la variété internationale en osant manouchiser Scorpion (Still loving you) ou bien encore l’hymne international aux dépressifs d’Abba (et repris pour les connaisseurs par Mireille Mathieu) The winner takes it all ! Tout cela ne manque décidément pas d’humour... ni de talent. Car Christophe, excellent guitariste, on ne vous apprendra rien, réussit à faire sonner et swinguer ces titres de manière plutôt agréable, et faire joliment ressortir la qualité mélodique des thèmes.
A ces titres sympathiques, on préfèrera cependant les morceaux signés de sa propre main, qui pour le coup nous emmènent vers des horizons jazzistiques bien plus modernes, dépassant le cadre du strict jazz manouche : Quasar swing, Brazilian Caravan, ou encore l’excellent Mau, autant de titres dans lesquels Lartilleux semble explorer les possibilités acoustiques et harmoniques de son instrument cmme jamais il ne l’avait fait auparavant... Rappelons que Christophe est aussi un guitariste "chercheur"... il serait d’ailleurs entrain de mettre au point une nouvelle technique guitaristique fondée sur un accordage inversé des cordes !
Enfin, précisons que Christophe a pratiquement tout enregistré tout seul. Hormis la complicité de sa fille Déborah sur Quasar Swing et de l’accordéoniste Emy Dragoï sur l’impressionnant Mouvement perpétuel, il joue en re-recording toutes les guitares et la basse comme le fit un temps Francis Darizcuren sur Swing, violin and guitar récemment chroniqué sur ces pages. Une façon de dialoguer avec soi même, en quelques sorte...!