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Inédits de Django
Un inédit de Django et d’Ellington au Carnegie Hall...!

publié le 6 octobre 2011
par stoche

On trouve depuis peu sur le net un extrait sonore d’un peu plus d’une minute qui risque bien de faire parler de lui. Au moins chez les djangophiles.
Posté outre Atlantique par Teddy Dupont mais déniché par Marc Masselin, guitariste émérite et éminent "chercheur" en djangologie, l’extrait en question est un court aperçu d’une version d’Honeysuckle Rose interprété par Django Reinhardt lors du fameux concert du 23 novembre novembre 1946 au Carnegie Hall en compagnie de l’orchestre de Duke Ellington... Rien que ça !

Rappel historique : Django débuta son voyage américain le 3 novembre 1946 quand son bateau parti du Havre amerrissa à New-York où il fût accueilli par son ami Duke Ellington qu’il avait rencontré à Paris. Commença alors une longue tournée à travers les Etats-Unis : Cleveland, Buffalo, Kansas City, St Louis, Cincinnatti, Boston, Detroit, Philadelphie, Rochester, Chicago, Norfolk, Toledo, Omaha, Lincoln, San Francisco, Pittsburgh, Toronto et...New York. Comme le souligne Daniel Nevers dans les liner-notes de l’Intégrale Frémeaux, il ne s’agit là que des quelques villes mentionnées par Django
dans une lettre datée du mois de décembre et adressée de New York à Stéphane Grappelli. On peut imaginer qu’il y eu encore d’autres étapes. Quoiqu’il en soit, le groupe arrive à New York pour deux concerts au Carnegie Hall les 23 et 24 novembre joués à guichets fermés devant un public conquis d’avance et impatient de découvrir le fameux guitariste français. Si le 23 fût un triomphe, le lendemain fût une autre histoire, puisqu’on sait que le fantasque manouche arriva très en retard au concert, et surtout après qu’Ellington ait annoncé qu’il ne viendrait pas : était-il entrain de peindre dans sa petite chambre d’hôtel, s’était-il perdu en chemin, incapable d’expliquer sa destination au chauffeur de taxi qui le convoyait ou était-il réellement entrain de prendre l’apéro avec Marcel Cerdan au coin de la 5ème...? On ne le saura sans doute jamais, mais ces quelques heures de retard continuent encore aujourd’hui à faire parler d’elles et sont rentrées dans la légende du génial et déconcertant guitariste. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que cette conception très personnelle et très reinhardtienne du temps n’a pas du plaire beaucoup aux ricains, dont Ellington... Embarras, énervement susceptibilité et orgueil blessé : ce tout petit retard jettera un grand froid entre les deux génies, et Django rentrera penaud en France après un engagement de quelques semaines ennuyeuses et convenues au "Café Society", sans avoir rencontré Charlie Parker.
On passera vite sur les atermoiements et la déception de son expérience américaine, Django souffrant sans doute de ne pas être suffisamment intégré à l’orchestre d’Ellington (les quatre titres enregistrés et cités plus bas le montrent bien), et on vous renvoie à la littérature abondante existant déjà sur le sujet (Patrick Williams, Alain Antonietto, Daniel Nevers...). Rappelons simplement que de ces nombreux concerts, on ne connaissait jusqu’alors que quatre titres enregistrés, avec Django, le 10 novembre à l’Opera House de Chicago : Red, red, red ride ; A blue riff ; Honeysuckle Rose et Improvisation n°7. Autant dire que retrouver aujourd’hui des bandes précisément de cette époque est non seulement inespéré, mais représente une avancée exceptionnelle pour la musique, l’histoire et la légende de Django !

Le court extrait est issu de la collection "Bill Savory", et on se demande bien comment Marc Masselin a réussi à le dénicher, d’autant que dans ce genre d’affaire, les problèmes de copyright pointent rapidement le bout de leur nez. William Savory (1916-2004) était un ingénieur du son, également pianiste et saxophoniste, surtout connu pour sa phénoménale collection personnelle d’enregistrements de jazzmen et pour sa contribution aux avancées technologiques de la prise de son. On savait que sa collection comprenait des enregistrements rares de Benny Goodman, Louis Armstrong, Billie Holiday, Count Basie, Coleman Hawkins, Lester Young, etc... mais du Django, c’est plus surprenant, d’autant plus que la qualité sonore est particulièrement bonne. On est d’ailleurs en droit d’espérer voir resurgir un jour d’autres extraits, car on se doute bien que le grand Bill n’a pas enregistré qu’une seule minute de cette fameuse rencontre au Carnegie Hall des deux géants du jazz. Et entre nous, qui ne s’étonne pas aujourd’hui de la pauvreté de traces sonores et visuelles documentant le passage de Django au pays du Cinéma. Il y en a forcément d’autres, le contraire est tout simplement inconcevable.

En écoutant l’extrait, hélas très court, on pourra s’extasier devant la remarquable modernité des phrases jouées par Django (à la seconde 53, notamment). Ce qui surprend aussi, c’est le nombre de fois, en une minute, où Django revient au thème, comme s’il voulait rappeler aux auditeurs du Carnegie Hall qu’il jouait bien Honeysuckle Rose...! Quant au son, on pourra toujours continuer à dire que le génial manouche rata son rendez-vous américain parce qu’il avait oublié sa Selmer ; mais nous, on l’adore, ce son électrique et mordant qui sied particulièrement bien à son jeu audacieux.
Merci donc à Bill Savory, à Marc Masselin et à Teddy Dupont d’avoir fait resurgir du néant ces 65 secondes de pur bonheur ! Ne reste plus qu’à nous ressortir l’extrait en entier, et sans voix off, please (!!!) pour nous combler, nous autres, les djangopathes...

PS : merci aussi à Alain Antonietto pour ses informations toujours précieuses


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