A 24 ans le guitariste Richard Manetti a déjà un CV conséquent, pour l’essentiel dans l’esthétique swing manouche (il n’est pas le fils de Romane pour rien !), croisant les cordes en concert, en club ou en festivals avec toutes les gâchettes du style. S’il aime toujours l’univers reinhardtien qu’il ne lâche d’ailleurs pas tout à fait (cf le récent disque néo manouche du groupe Django club au sein duquel il évolue avec ses petits camarades Adrien Moignard, Sébastien Giniaux, Fiona Montbet et Jérémie Arranger), Richard, qui aime toutes sortes de choses en musique ne veut pas s’enfermer dans les manoucheries.
Après avoir étudié et joué la musique des autres, il avait envie de développer un univers musical personnel ; car c’est la composition qui intéresse notre homme ; pour son premier disque en leader, il signe 9 des 11 titres, des compos assez disparates , mélange de plein d’environnements musicaux ; pour les porter, il s’est tourné vers la fusion (sur certains titres on n’est pas loin de l’univers d’un Babik Reinhardt), s’entourant de Jean-Marc Jaffet, bassiste au CV long comme le bras, qui fut d’ailleurs le compagnon de route de Babik, Yoann Serra, batterie et Fred d’Oelsnitz, claviers, trois remarquables instrumentistes qui ont de la place pour s’exprimer et investissent les compos du leader qu’ils marquent de leur empreinte ; mention spéciale à JM Jaffet au style si caractéristique, impérial de bout en bout et qui signe le funky Toninho ; une équipe renforcée sur deux morceaux par Stéphane Guillaume, très en verve au saxophone (cf London), le groupe évoquant alors le Joe Farrell des années 70 ou l’album « captain Marvel » dans lequel Stan Getz côtoyait chick Coréa.
Troquant la guitare acoustique pour l’électrique, Richard développe un phrasé plus aérien et plus fluide, qui s’abreuve à d’autres sources, même si la gypsy touch reste présente (cf son chorus très chantant sur London). Pas de musique élitiste pour cette nouvelle expérimentation ; si les compos sont ambitieuses (cf camden town sur lequel intervient un quatuor à cordes, avec un Richard quasi rock à la guitare), elles sont toujours accessibles car n’oubliant ni le groove ni la mélodie (cf Elo, jolie ballade où le guitariste laisse la musique respirer, ou le très convaincant Feelin’ good qui porte bien son nom). On sent que Richard est dans son élément et heureux de jouer (cf sur It’s time : ça déménage et ça joue !).
Si l’on peut être plus ou moins réceptif à cet univers musical assez éloigné de celui auquel il nous avait habitués, Richard Manetti est à n’en pas douter un vrai musicien ; ce disque réussi n’est sans doute qu’une étape et Richard n’a pas fini de nous surprendre !
1. Why Note (R. Manetti) 04:25
2. Braz-Tang (R. Manetti) 05:48
3. Camden Town (R. Manetti) 05:02
4. Elo (R. Manetti) 06:09
5. London (R. Manetti) 05:43
6. Feeling Good (R. Manetti) 06:51
7. Toninho (J.M. Jafet) 06:56
8. It’s Time (R. Manetti) 04:43
9. Groove Now (R. Manetti) 04:31
10. Natacha (R. Manetti) 05:53
11. Frontignan 7 et Sete 14 (F. d’Oelsnitz) 6:03
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