Paho Saga... Sous cet acronyme un peu étrange se cache en fait la réunion de trois guitaristes : Pascal Masselon, Hono Winterstein et Samson Schmitt (le "ga" était en fait pour Gauthier Laurent, contrebassiste de la formation originale)

On ne présente plus Hono Winterstein, référence en matière d’accompagnement manouche puisque le patron Biréli ne peut plus se passer de lui pour assurer sa pompe. Samson Schmitt est lui aussi loin d’être un inconnu : cela fait bien longtemps qu’il s’est fait un prénom dans le swing manouche, et son style est devenu une référence dans le genre alsacien tendance jazzy. En revanche, nous n’avions jamais entendu parlé de Pascal Masselon. Ce guitariste passé du rock au jazz (French Kiss Jazz) a vu ses influences bouleversées par sa rencontre avec Biréli Lagrène et le style de Django. Il incorpore dorénavant à sa musique des accents de latin jazz manouche et s’en va frapper, ses compos sous le bras, à la porte d’Hono qui lui présentera Samson Schmitt. Le groupe Paho Saga nait donc en 2010, et cette rencontre se concrétise l’année suivante par un premier album, Wonderful World, où sont appelés en renfort le percussioniste Simon Pomarat et le contrebassiste Xavier Nikci.

L’esprit du disque est résolument sud-américain. Bossas, boléros et rumbas manouches se succèdent, assurés par une rythmique irréprochable de Hono et Xavier Nicki qui déroulent l’autoroute aux deux solistes. Quatre standards signés Armstrong (Wonderful world), Parker (Ornithology), Gillespie (Night in Tunasia) et Django (Troublant boléro) côtoient les compos de Pascal Masselon, Samson (Vol pour Rio) et Hono (Lune de miel). Les deux solistes échangent les chorus dans des styles complémentaires mais différents : Samson, qui s’exprime sur une guitare JWC du luthier Jeongwoo Cho, n’oublie pas ses origines manouches dans son phrasé toujours très volubile (Vol pour Rio, par exemple) tandis que Pascal Masselon s’oriente dans une esthétique résolument plus aérée, très blues et bop. L’exposition des thèmes, souvent pris à l’unisson, est particulièrement soignée, les morceaux plutôt courts sans être expédiés et l’album, aux rythmes élaborés, s’écoute avec beaucoup de curiosité et de plaisir.
Souhaitons donc à ce nouveau Paho Saga un beau succès et de nombreuses tournées...!