Voilà le premier CD (très jolie pochette et excellente prise de son) d’un jeune guitariste japonais qui assure en re-re guitare d’accompagnement et guitare solo, Saya étant à la contrebasse. Né en 1983, Fumihiko Kono a commencé la guitare à l’âge de 12 ans, passant rapidement du rock au classic jazz en 2009, jouant d’ailleurs cette année là avec Bucky Pizzarelli et Howard Alden , lors d’un festival.

Dès le premier titre (Swing 9, de sa composition), on est fixé ; tout d’abord, un son très pur ; s’il possède une Di mauro de 1940, il a enregistré ce disque sur la Selmer 626. Encore faut-il la faire sonner ! Doué d’une solide technique, le jeune homme, dont le phrasé aérien conjugue swing, articulation précise, respiration et élégance, a déjà la maitrise d’un vieux briscard. En 2007 et 2008, il est venu à Paris et à Samois croisant les cordes avec David Gastine, Rodolphe Raffalli, David Reinhardt et quelques autres ; Il a tout compris du style, tout en lui imprimant sa propre marque.

Fumihiko aligne 6 autres compos originales tout à fait convaincantes, qui n’oublient jamais la belle mélodie ; citons le remarquable Fugato manouche, morceau plutôt tarabiscoté aux influences classiques, où la guitare limpide de Fumihiko fait merveille, suivi de Tsubame waltz d’une grande beauté sur lequel le guitariste poétise finement. Citons encore Rue des souvenirs, ballade sentimentale ponctuée de courtes accélérations (notre homme a le sens de la construction du chorus), La famille, remarquable exercice en solo d’une belle sérénité ou encore ce redoutable Es and Wes qui, comme son nom l’indique louche du côté de Wes Montgomery, autre guitariste que le japonais a l’air d’affectionner. Sur You tube, on peut d’ailleurs voir Fumihiko évoluer à la guitare électrique au sein d’orchestres purement jazz.

Le jeune guitariste est tout aussi convaincant sur les deux reprises du disque : Festival 48 de Django dans une version nerveuse nette et sans bavures, et Topsy que l’illustre manouche enregistra. Certes le disque est un peu court (une trentaine de minutes) mais ces 8 titres suffisent pour nous convaincre qu’il va falloir suivre ce nouveau venu de très près. Vivement la suite ! Bravo en tous cas !