Valia Belinsky

Pianiste

1902-1985

Malgré toutes les qualités que possédait le musicien, la vie de Valia Belinsky est le type même de la non-réussite.

Valentin Théodore Belinsky dit Valia Belinsky est né le 13 février 1902 à Kiev en Russie, d’une famille aristocratique dont le patronyme était très célèbre, notamment dans le monde littéraire. L’éducation à cette époque obligeait les enfants à s’intéresser à une activité artistique en plus des enseignements fondamentaux. Certains se tournaient vers une spécialisation dans la littérature, d’autres vers la musique ou encore la peinture. Les jeunes issus de l’aristocratie étaient alors destinés soit à des carrières militaires (École des cadets) soit à des carrières dans le Droit et l’Administration. Valia Belinsky a donc vécu son enfance dans ce contexte et s’est mis au piano dès l’âge de 4 ans avec les plus grands professeurs. La région du monde dont Valia Belinsky est originaire a d’ailleurs vu grandir des personnalités d’exception –à l’image de Vladimir Horowitz– qui ont eu l’opportunité de suivre l’enseignement des grands maîtres présents à cette époque.

1963-64 à Monte-Carlo, époque où il a connu et joué avec Elek_Bacsik au ‘Sporting Club' et dans une boîte appelée ‘KnickerBocker'.

Valia Belinsky était destiné à une carrière de Droit, son avenir était déjà tracé. Un de ses aïeux était d’ailleurs gouverneur de l’Ukraine qui appartenait alors à la Russie.

Son destin a brusquement basculé, comme beaucoup de « Russes blancs », suite à la Révolution russe de 1917. Sur le conseil de son frère qui était à Paris depuis quelques mois, Valia Belinsky a quitté la Russie laissant le reste de sa famille derrière lui. Il séjourna brièvement en Pologne pour suivre des cours au Conservatoire de Varsovie avant de venir s’installer en France. Dans ce nouveau contexte, il lui fallait trouver du travail car à part quelques grands princes milliardaires qui avaient pu s’enfuir en emportant leur fortune, la plupart des aristocrates étaient totalement ruinés.
Tout le monde connaît les chauffeurs de taxis russes des années 20, qui souvent exerçaient ce métier faute de mieux. Mais à cette époque, Paris fleurissait de cabarets russes fréquentés d’abord par des Russes très fortunés qui s’étaient installés depuis quelques années, puis par d’autres types de clients avides de l’ambiance très particulière de ces lieux. La musique classique n’avait droit qu’à la portion congrue tandis que les musiques folkloriques russe et tzigane l’emportaient haut la main.

Valia Belinsky a donc pris son courage à deux mains (sans jeux de mots !) et a commencé à exercer ses talents dans cette atmosphère, occupant tantôt des places de pianiste soliste, d’accompagnateur, de chef d’orchestre, etc. Il sut se faire une petite place et eu l’occasion d’accompagner des musiciens prestigieux tels le chanteur russe Chaliapine ainsi que le grand violoniste Georges Enescu, une sommité de talent, qui plus est compositeur. La vie parisienne de Valia Belinsky fut donc marquée essentiellement par un métier de musicien de cabaret ; certainement très loin de ce qui aurait dû être.

Dans l’ensemble, il eut une vie très simple et certainement pas très heureuse, du moins vu de l’extérieur, par rapport à son immense talent d’interprète d’une part mais aussi de compositeur.
Vers la fin de sa vie, il écrivit beaucoup d’œuvres classiques, la plupart ont été déposées à la SACEM ; des compositions pour piano essentiellement telle une pièce intitulée Réponse à Chopin qui termine une œuvre inachevée de ce compositeur polonais ; mais également quelques symphonies pour orchestre.

Ses goûts musicaux en matière de musique pianistique étaient surtout Chopin, Listz, Tchaikowsky et Rachmaninoff, ce dernier avait d’ailleurs signé son diplôme de 1er prix du Conservatoire de Varsovie.

Au cours de sa vie d’artiste, en dehors du contexte classique, il eut l’occasion de rencontrer des personnes d’exception, parmi lesquelles le grand guitariste Elek Bacsik avec qui il entretenait une très forte amitié que je m’explique aujourd’hui : deux destins identiques qui n’ont pas eu le millième de ce qu’ils méritaient !

Valia Belinsky est décédé le 5 octobre 1987 à Paris à l’âge de 85 ans d’une rupture d’anévrisme.

Valentin Belinsky (fils)