Voilà le nouveau CD de Jermaine Landsberger qui, à seulement 36 ans, a un long passé musical (On l’a vu notamment aux côtés de Bireli ou de Martin Taylor). Né dans une famille de sinti allemands, il baigna toute sa jeunesse dans la musique de Django et dans la musique tzigane traditionnelle, commençant par la guitare à l’âge de 11 ans, avant de passer au piano quelques années plus tard, toujours en autodidacte, dans un style jazz plus moderne (ses idoles se nomment alors Mc Coy Tyner, Keith Jarrett ou Herbie Hancock), ce qui est assez rare dans le milieu manouche ; Il s’est mis à l’orgue il y a une dizaine d’années sur l’impulsion de son guitariste Paulo Morello, dont il reprend ici Ballada para J. Bien propulsé par ses petits camarades (James Genus, basse, Harvey Mason,batterie, Kruno Schmidt, synthé, piano et Andréas Oberg, guitare, et Gary Meek, sax, flute invité sur 4 titres), Jermaine applique sa technique pianistique à l’orgue, dans la lignée d’un Joe de Francesco, jouant parfois des lignes acrobatiques. Le guitariste Pat Martino (excusez du peu !) illumine les 3 titres sur lesquels il est invité (cf son chorus impérial sur Romance de Galliano ou sa présence inimitable sur Sno’peas, compo que Bill Evans enregistra en 78 avec Toots Thielmans à l’harmonica). Beaucoup plus à l’aise comme sideman que comme leader, Andréas « j’ai des milliard de doigts » Oberg est particulièrement en valeur (cf ses belles envolées sur 3 base hit de Martino ou son chorus survitaminé sur la version nerveuse de Babik, qui est aussi l’occasion pour le bassiste d’un solo impressionnant). Question répertoire, c’est un peu le grand écart, les reprises allant de Django à Stevie Wonder (Another star) en passant par Galliano et Horace Silver (Filthy Mc Nasty sur lequel Jermaine groove comme un beau diable, Oberg doublant son chorus de guitare d’un scat à la Benson). Landsberger signe deux compos dont Valse manouche, histoire de nous rappeler ses origines, mais jouée à l’orgue et à la guitare électrique : ça commence comme du Django et se termine comme du Benson, avec une accélération de tempo au milieu du morceau et Jermaine qui s’envole. Certes, rien de bien nouveau depuis Jimmy Smith avec Benson, mais voilà un vrai musicien qui signe là un disque tout à fait convaincant.