Paru outre Rhin il y a 2 ans ce disque ne me parvient que maintenant via l’ami Michel Lefort. Fils de Bobby Falta qui fut pendant de longues années le guitariste du quintette de Schnuckenack Reinhardt (et invité ici sur deux titres), Lancy est la plupart du temps à la guitare électrique dans un style largement inspiré par celui de son père qui avait lui-même beaucoup écouté les guitaristes de jazz américain. Sur le 1er chorus de « down here on the ground, beau thème de Lalo Schiffrin, Bobby fait chanter sa guitare, conjuguant phrasé fluide et touché sensuel ; Lancy prend le relais dans un style au phrasé linéaire tout aussi aérien, la chaleur du son en moins peut-être. Pas de pompe manouche ici mais un solide bassiste (Peter Bockius) et un percussionniste (Joachim Schick) qui assurent la base rythmique efficace pour les deux excellents jazzmen que sont Ulli Bartel, violon, mandoline, et Lancy, bien sûr, qui illumine les 11 morceaux du disque de ses chorus inspirés (cf ses longues phrases sinueuses sur Donna Lee). Côté répertoire on est loin aussi de Django (cf la reprise de teentown, compo assez jazz fusion de Jaco Pastorius). Et si le groupe reprend Sweet Georgia brown, c’est dans une version revue et corrigée, tout comme les 3 merveilleuses chansons de Schnuckenack, chantées en romanès par Isis Köhler et auxquelles Lancy imprime sa patte (cf O Letschto Gurgo pris sur tempo lent dans un traitement latin assez loin de l’original). Lancy signe ou co-signe 3 compos d’excellente facture, Bobby’s rumba, in the fields et Gypsy waltz. Pourquoi un tel CD est-il passé complètement inaperçu dans notre beau pays ? Procurez vous ce premier disque d’un guitariste tout à fait prometteur ; vous ne serez pas déçu !