Ce CD enregistré live avec le grand Orchestre de Nashville n’est pas une surprise ; quelques uns de ses membres étaient déjà invités sur deux titres de « Franco-american Swing », CD de John paru en 2003 ou 2004, avec des arrangements signés Don hart, et sur « Ultraspontane », superbe disque paru en 2007. Cette fois, c’est l’Orchestra Nashville au complet, sous la direction de Paul Gambill, qui est mobilisé pour ce « Istiqbal gathering ».
Ce genre de projet n’est pas à la portée du premier venu mais, on le sait, John Jorgenson n’est pas le premier venu ! Cet artiste complet à l’immense culture musicale et à la forte personnalité, suit son propre chemin et déploie un univers original. Ses compositions ambitieuses prennent toute leur ampleur dans ces arrangements pour grand orchestre et l’équilibre entre la guitare et l’Orchestra Nashville est parfait. Le disque s’ouvre sur « Concerto glasso », longue suite de 25’ en 3 mouvements, co-composée par John Jorgenson et Don Hart : « Roma Rise », « Seaside waltz », « Tarentella and rêverie », des thèmes qui chantent, aux mélodies souvent magnifiques, alternant déferlement de cuivres et de cordes et passages apaisés où la guitare conjugue finesse et élégance. Invité sur les deux titres suivants, le Turtle island quartet (David Balakrishnan et Mads Tolling, violons, Jeremy Kittel, viola et Mark Summer, violoncelle), s’insère parfaitement dans l’ensemble. « Groove in the Louvre » s’ouvre par une courte citation de Django, puis s’infléchit vers le swing, l’occasion de belles envolées du violon. _ Le disque se termine par « Istiqbal gathering », impressionnante compo de plus de 15’ co-signée John Jorgenson- Carl Marsch, qui donne son nom à l’album, avec David Davidson au violon et Alexander Fedoriouk au cymbalum qui ponctue l’exubérance de l’orchestre de passages apaisés. Là encore les méditations guitaristiques de John, empreintes d’un certain romantisme font merveille.
Voilà un disque totalement réussi conjuguant originalité et intelligence musicale, que Django Reinhardt, grand amateur de musique classique, aurait sans nul doute aimé ! Une telle galette mériterait une distribution en France !