Sorti le 15 juillet dernier, Sous les étoiles est le second album du groupe Djangology. Aux commandes, l’incontournable Jean Cortes, contrebassiste de talent qui a joué avec à peu près tout le monde dans la sphère manoucho-parisienne et qui signe tous les arrangements du disque. À ses côtés, un violoniste sur quelques titres, François Devun, et une cargaison de guitaristes : ils sont en effet pas moins de cinq à se partager l’affiche ! Déjà présents sur Lune d’or, Serge Jardin (médaille d’or aux "championnats" de guitare classique), Arnaud Agullo (prof du côté de Draguignan), Michel Barbier (qui a joué avec Babik Reinhardt et Henri Salvador) côtoient deux p’tits nouveaux : Emile Mélenchon et Jean-Philippe Sempéré. Comme pour le premier album, on regrettera hélas le manque d’informations de la pochette qui auraient pu nous aider à identifier les solistes ; d’autant qu’on connait assez mal ces musiciens mais qu’on reconnait toutefois des styles bien différents pour chacun. Dommage, on aurait aimer mettre des noms sur ces solos...
Le répertoire qui était plutôt classique et conventionnel sur Lune d’or fait ici preuve de beaucoup plus d’originalité. La piste une évacue l’hommage à Django et aux standards du style en un medley dense et réjouissant : Swing 42/Djangologie/Daphné/Coquette/Swing 39/Dinah (cherchez les deux erreurs) sont expédiés en 4’21... Pas mal ! Les choses sérieuses commencent ensuite avec des reprises, souvent inattendues et quelques compositions originales du groupe.
Côté reprises, on retrouvera quelques standards plus jazz que jazz manouche : du classique avec Parker (Donna Lee aux questions/réponses vifs et déterminés) et Chick Corea (Armando’s rumba). Plus surprenant, Always and forever de Metheny dont le solo électrique au son planant et travaillé rappelle autant Babik que Pat et Brazilian like de Petrucciani, qui laisse place à la douceur des cordes nylons. Quelques chansons aussi avec le Gainsbourg du Poinçonneur des Lilas, en passe de devenir un tube du jazz manouche depuis la fameuse reprise des Doigts de l’homme, McCartney pour un Black bird aux arrangements guitaristiques de toute beauté et surtout, Sting avec une magnifique reprise de Fragile qui fait admirablement ressortir la beauté de la mélodie. Enfin, Jean Cortes reprend son efficace arrangement de Mannix (Lalo Schifrin) déjà entendu avec le Minor Swing Quartet, mais ici sans batterie. Côté compos, le bassiste nous propose une dynamique bossa (La bossa du moulo), Michel Barbier se fend d’un swing bien chevelu (Nanouche) et Serge Jardin clôt l’album sur La chopine, délicate valse lente dont la simplicité de ’arrangement à trois guitares fait ressortir la douceur du propos.
L’ensemble est toujours très bien joué, chaque soliste maitrisant remarquablement son instrument et possédant sa propre personnalité tantôt à l’électrique, tantôt sur cordes nylons ou sur guitare manouche.
Même si on regrettera un peu le manque d’unisson dans l’accompagnement à la pompe sur les swings, Sous les étoiles va par son répertoire éclectique et parfois ambitieux bien au delà des espoirs que laissait présager Lune d’or, le premier opus des Djangology : c’est un joli disque d’amoureux de guitare et de musique, concocté par une gentille bande de passionnés qui, on le sent, se sont fait sacrément plaisir en l’enregistrant.
1. Swing 42 (medley) (D. Reinhardt) 4’21
2. Le poinçonneur des Lilas (de Springfield) (S. Gainsbourgh) 5’52
3. Brazilian like (M. Petrucciani) 4’32
4. Mannix (L. Schifrin) 4’19
5. Fragile (Sting) 5’13
6. Nanouche (M. Barbier) 3’51
7. Black bird (P. McCartney) 4’35
8. Armando’s rumba (C. Corea) 3’42
9. Always and forever (P. Metheny) 4’17
10. Donna Lee (C. Parker) 3’35
11. La bossa du moulo (J. Cortes) 4’47
12. La chopine (S. Jardin) 2’03
Enregistré au Studio des Plaines en 2010.