Cela faisait quelques temps que l’on n’avait pas eu de nouvelles de Berne et du Hot Strings de Féré Scheidegger... Il faut dire que même si la Suisse est à deux pas de chez nous, les disques du quartet helvète restent assez difficiles à se procurer en France ; on est ainsi passé à côté du Love Songs de 2008 qu’on aurait pourtant bien aimé écouté... Qu’à cela ne tienne, Féré nous revient aujourd’hui en pleine forme avec un CD bien rempli : 18 titres soit près de 73 minutes de musique, on ne va pas s’en plaindre.
La formation initiale est composée de Féré aux guitares manouches et électriques et à l’harmonica, et de l’excellent Thomas Dürst à la contrebasse ; tous deux sont présents depuis la création d’Hot Strings en 1990. Se rapportent au quartet d’aujourd’hui Rainer Hagmann au violon et Dani Solimine à la guitare. Plus sur ce disque une multitude d’invités selon les titres : on remarquera particulièrement la présence de Martin Abbuehl (Swing Express) au violon, Peter Horisberger au vibraphone et Felix Haller à l’accordéon.
Le répertoire, très varié, laisse surtout place à des compositions de Féré : du swing bien râpeux (Hot Club dance, Swinging strings, Magic madness), des bossas (Happiness is a journey, Quiet moments, Brise estivale, Jardin d mes rêves), du blues (Blues for Radio Swiss Jazz, Lorraine blues, Bluesy swing) et des balades (La lune, Lovely feelings). Quelques reprises viennent surprendre l’auditeur : Fragile de Sting chantée par Jasmin Scheidegger, une très belle adaption du Little wing d’Hendrix avec bottle neck à la clef et un génial solo de violon rappelant la "Fender" de Jimi , un Black magic woman plus santanesque que jamais... Le tout est toujours très bien joué, sans esbroufe, avec complicité et en laissant beaucoup de place au violon (les échanges de cordes à deux violons sur Magic madness sont particulièrement savoureux). Tout en conservant son jeu admirable de musicalité et de simplicité, Féré passe sans difficulté de la Selmer à l’archtop : son feeling se fait seulement plus bop ou plus rabouin selon l’inspiration du morceau. On pourra d’ailleurs se faire une idée de l’étendue de ses talents dans son Solo guitar medley plein de délicatesse et de naturel citant au hasard de son imagination, et toujours avec élégance Petite fleur, The shadow of your smile ou Moon river...
Un cd qu’on mettra évidemment entre toutes les mains, en attendant peut être un concert un de ces jours à Paris ?