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In memoriam
Tony Weiss (1923-2011)

publié le 21 avril 2012
par stoche

Décédé le 9 septembre 2011, à l’âge de 88 ans, le guitariste (et violoniste) Antonio "Tony" Weiss restait la dernière figure manouche de la génération du fameux Hot Club de France.

Né à Lille, en 1923, d’une mère gadji, d’un père manouche et filleul de Laurence "Negros" Reinhardt (mère de Django), le petit Tony ne fut pas, à vrai dire, immédiatement passionné par la musique. Menant l’existence nomade de sa famille, et bien qu’initié très tôt à la lutherie (et taquinant quelque peu le violon), ce n’est qu’à dix neuf ans qu’il découvre Django Reinhardt, lors de son passage à Lille en 1942. Enorme impression d’un génie de la communauté dont il ignorait tout... Dès lors il n’aura de cesse d’acquérir les premiers rudiments de l’instrument, s’ingéniant à relever, à la loupe (!), la position des accords sur les rares photos de guitaristes des affichettes de l’époque !

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Tony Weiss à 20 ans

Il débute cependant quelques temps plus tard à Bruxelles - non sans une certaine inconscience - dans le célèbre orchestre swing de Jean Omer. Beau succès malgré une entrée sur scène pour le moins... "tzigane" : "J’avais mis mes chaussures à l’envers, mon costume était trop grand et je me suis pris les pieds dans la moquette !". Une maladresse vite rattrapée par l’attrait d’un jeu de guitare instinctif, qu’il allait d’ailleurs maîtriser peu après.
Désormais introduit dans le "métier", courant le cachet et, à l’occasion, jouant à cache-cache avec l’occupant nazi (plus de quarante membres de sa famille allaient être déportés) Tony Weiss se produit dans sa région du Nord jusqu’au jour où Django repasse à Lille, en 1943. En quête d’un accompagnateur, le grand manouche demande à l’écouter et notre jeune guitariste, malgré son trac, s’entend dire : "Bien, tu as un bon tempo. C’est un peu juste mais ça ira". Expérience fondatrice donc que ces quelques tournées au sein du Quintet du Hot Club de France car il l’intègrera après que Django lui ait procuré un ausweiss (laissez-passer) pour venir à Paris répéter longuement avec sa rythmique (Eugène Vées (g) - son cousin - et Pierre Fouad (dms)) dans la cave du Hot Club...

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Tony au violon, Alhambra, Orchestre de Paul Pavin, 1953

Aussi peu après vole-t-il de ses propres ailes et l libération le voit se frotter, au cours de jam-session, à la crème du jazz de la capitale : Alix Combelle, Bill Coleman, Aimé Barelli, Jack Diéval, André Ekyan ou même Don Byas... Il accompagnera également les vedettes du swing musette, telles que Gus Viseur, Tony Murena ou Jo Privat. Sa vie est désormais nocturne, de cabarets en night-clubs, en des lieux légendaires ("La Roulotte", "Le Chantilly", "L’Heure Bleue" ou "Le savoy") où il profite de l’expérience des fameux guitaristes gitans Gusti Malha, Sarane et Matelo Ferret, ses amis. Mais bientôt la vogue du jazz s’efface devant l’engouement pour les musiques de danse, et il faut s’adapter.

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Tony et Jackie Alix

C’est ainsi qu’au gré d’incessants galas, ses pas le mènent à Clermont-Ferrand, au début des années 50. Pris en main par l’excellent accordéoniste Paul Chalier (avec qui il signe ses premières compositions) ils écumeront tous les dancings et casinos de la région où Tony finira par se fixer. Et c’est là qu’il trouve après tant de pérégrinations, un havre de pais pour se ressourcer, ce qui n’empêchera nullement notre bouillant tsigane de demeurer toujours aussi actif durant ces dernières décennies. Ardent promoteur du jazz manouche en Auvergne, Tony Weiss avait, par exemple, initié plus de 2500 élèves à la guitare, au centre "Loisir et Rencontre" de Clermont-Ferrand ! Par ailleurs, il avait fondé avec sa charmante épouse, la pétulante Jackie Alix (venue du lyrique) les ensembles "Rétrospectives" et "Swing Caravan", voués au classiques du répertoire tzigane, swing et chansons françaises ; attrayantes formations qui enchantèrent, durant des années, les publics les plus divers...

Doué d’un rayonnement indéniable, de la verve d’un conteur et d’un abord chaleureux, Tony avait encore plein de projets (lexique romanès, histoire des Tsiganes) qu’il confiait, il y a peu, en des lettres fort bien tournées (et merveilleusement calligraphiées !). Aussi aura-t-il été, au sein de la communauté, un être d’exception : l’un des très rares - avec les écrivains Matéo Maximoff, Musta Gartner, Torino Ziegler en Sandra Jayat - à se tourner vers l’écrit et y trouver son bonheur...
Que de cordes à son Art !!

Alain Antonietto, in Jazz Dixie / Swing n°74


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Tony Weiss (1923-2011) , par zoub, le 28 04 2016

je me permets de vous signaler ce petit documentaire sur M. Weiss. Un beau personnage !
http://lafeuilleamta.fr/2012/02/tony-weiss-jazz-et-tradition/



Tony Weiss (1923-2011) , par ferret jean, le 12 12 2015

content de lire cet article qui me rappelle des souvenirs de mon enfance. mon pere et tony etais grands amis et ont fait partie de la meme orchestre les dixis djazmans ; a lille. mon papa s’appeler bamboula ferret. je me souvient encore du nom de son pere et sa mere . (merci)



Tony Weiss (1923-2011) , le 21 10 2013

du grand Antonietto ...!

merci Alain

amitié DomCravic



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