Le camarade Gustav n’arrête pas, et pas seulement dans l’esthétique qui nous préoccupe ici (cf son site) ; Après son hommage très réussi à Django en 2011, ici chroniqué, le guitariste suédois remet le couvert en trio avec Martin Widlund, guitare et Andréas Unge, contrebasse ; une section rythmique conjuguant drive et souplesse (cf There will never be another you).

Village de l’Est de la France où le disque a été enregistré, Bertheleville donne son nom au disque ; cette compo de Gustav nous assomme d’emblée : mélodie imparable, chorus qui raconte une histoire, styliste élégant au phrasé personnel limpide et chantant, ponctué de quelques accélérations virtuoses. Gustav reprend deux compos de Django (un medley regroupant Pêche à la mouche, Daphné et Bellevile, et Montagne Ste Geneviève, remarquablement envoyée dans une version n’ayant rien à envier aux cadors du style), deux ou trois standards de jazz qui tuent (I should care, when i fall in love) et des morceaux pour le moins inhabituels comme Guia de Marcio Faraco, Oleo de una mujjer du guitariste cubain Silvio Rodriguez, My dear country, compo de Norah Jones à la mélodie magnifique, Take it with me, superbe ballade de Tom Waits, et même la Lambada, le tout dans des relectures personnelles haut de gamme . Non seulement notre homme a bon gout mais il aligne 8 compos enlevées alternant swings bien dans la tradition ( A new beginning ou the great gadjo), l’occasion pour Gustav d’envoyer fusée sur fusée, la virtuosité n’excluant pas ici la musicalité, un boléro à la Stochelo Rosenberg (El Patio), et des ballades sur lesquelles le guitariste laisse la musique respirer et les notes chanter (cf le très apaisé Riomaggiore dont la belle mélodie n’est pas sans évoquer Robin Nolan, ou Gunnar, rêverie guitaristique très convaincante qui termine ce disque qui ne l’est pas moins et qui mériterait un label et une meilleure visibilité).

Avec Biel Ballester et Gonzalo Bergara, avec lesquels il a d’ailleurs joué à plusieurs reprises, Gustav Lundgren fait partie de ces guitaristes de la nouvelle génération faisant fructifier intelligemment l’héritage reinhardtien. On aimerait bien le voir à Samois.