Il y a plus de 15 ans, Frémeaux avait sorti sous la houlette du regretté Didier Roussin (qui était un fan d’Oscar Aleman), « Buenos Aires 1928-1943 », compile du guitariste argentin, toujours au catalogue. Bonne idée de sortir aujourd’hui un autre disque de ce guitariste méconnu dont le nom devrait figurer aux côtés des plus grands.
Né en 1910 comme Django, qu’il connut et côtoya avant-guerre, Oscar Aleman débuta à Rio en 24 au sein d’un groupe appelé « les loups » ; Accompagnant Joséphine Baker en Europe en 31, il s’introduit peu après dans les orchestres de jazz de Paris, développant un style spécifique conjuguant verve, fantaisie de l’improvisation, et swing intense, ses racines lui conférant un lyrisme particulier. Styliste au phrasé sautillant immédiatement reconnaissable, Oscar Aleman joue, chante, scatte avec humour, finesse, rage et inspiration, mêlant jazz et rythmes brésiliens. Après sa dernière apparition en Europe (Espagne et Portugal en 1951), Oscar Aleman est quelque peu retombé dans l’oubli, donnant des leçons de guitare, jouant de temps en temps à la radio et donnant quelques concerts. Redécouvert à la fin des années 60, il fait un remarquable retour et entame une 3ème carrière ; c’est cette période que nous fait (re)découvrir ce CD qui compile deux disques déjà réédités en Argentine, l’un de 65 avec Los Cinco Caballeros ( batterie, contrebasse, piano, violon et clarinette , des comparses très en dessous du niveau d’ Oscar, qui est à la guitare électrique, avec pas mal de réverbe), l’autre de 75, beaucoup plus convaincant, qui semble être son dernier disque studio( Oscar est mort en 80). En trio cette fois (batterie, contrebasse et guitare d’accompagnement sur quelques titres), Oscar qui est ici à la guitare acoustique, alterne jazz et morceaux typiques (boléro, saudade).
S’il n’a plus la flamboyance de ses débuts et si le répertoire n’est guère nouveau (standards qu’il a maintes et maintes fois joués et enregistrés comme Lullaby of Birdland, China town, Besame mucho ou in the mood), les chorus enlevés de l’argentin sauvent le disque (cf sa verve sur Crazy rythm, bei mir bist du schön ou Caravan). Il y avait tout de même d’autres faces plus intéressantes à rééditer (cf le magnifique double CD sorti il y a quelques années par David Grisman sur son label acoustic disc) ; et puis on aurait aimé un livret moins succinct nous donnant des infos sur ces sessions. A quand une intégrale Oscar Aleman ? Il le mérite ! En attendant, les disques de ce grand guitariste étant si rares, celui-ci est le bienvenu.
Oscar Alemán y los cinco caballeros :
1. Guitarra salvaje (Crazy Rhythm) (Caesar – Kahn – Mayer) 4’02
2. Oye negro (O. Alemán) 4’08
3. Muchacho chino (China Boy) (Wimpre – Boutalje) 2’55
4. Murmullo de pájaros (Lullaby of Birdland) (G. Shearing) 2’33
5. Bésame mucho (C. Velásquez) 2’09
6. Lembrança (Casanova) 2’21
7. Caminos cruzados (E. Lecuona) 2’16
8. En un Pueblecito Español (In A Little Spanish Town) (Lewis – Young – Waine) 2’44
9. Llévame volando a la luna (Fly Me To The Moon) (G. Shearing) 2’09
10. Rosa madreselva (Honeysuckle Rose) (F. Waller) 1’53
11. Eso que llaman amor (What Is This Thing Called Love) (C. Porter) 2’25
Oscar Alemán Grabaciones recuperadas :
12. O Vestido de bolero (trad.) 4’13
13. De Buen humor (In the Mood) (Razzaf – Garland) 2’22
14. Tengo ritmo (I got Rhythm) (G. Gershin) 2’47
15. Saudade de Bahia (D. Caymmi) 3’37
16. Tono no.1 (O. Alemán) 3’50
17. Para mi eres divina (Bei mir, bist du schön) (Sholom – Segunda) 3’28
18. Caravana (D. Ellington) 2’48
19. La Banda de Alejandro (Alexander’s Ragtime Band) (I. Berlin) 2’33
(1-11) enregistré en 1965 à Buenos Aires (Argentine), (12-19) enregistré vers 1975.