- Master class © M. Fournier
Le conservatoire Marcel Landowski de Troyes avait inscrit dans sa programmation 2011-2012 un hommage à Django Reinhardt : une expo sur la vie de l’illustre manouche en provenance de la médiathèque de Bordeaux (il faudrait d’ailleurs la rafraichir car elle date de plus de 20 ans et comporte quelques erreurs ; sur le panneau concernant les années d’après-guerre il est par exemple indiqué que Django était hostile au be bop ???), une master class de clarinette et de guitare le 18 avril dans l’après-midi au conservatoire suivie le soir d’un concert avec Django’s dream, et le lendemain d’une prestation de La belle équipe, les régionaux de l’étape, invités par le clarinettiste Jean-Louis Charlas .
- Claude Tissendier © P. Ménerat
Pas de swing manouche pourtant avec Django’s Dream mais du jazz, celui du Django des années de guerre avec Hubert Rostaing à la clarinette ; Groupe haut de gamme bien sous-estimé, Django’s dream a donné devant un public nombreux et enthousiaste un concert de grande qualité, ce vrai quartet où chacun a sa place conjuguant musicalité constante, finesse, légèreté et swing ! Le groupe travaille et répète (ce qui devient rare de nos jours, les répètes ayant le plus souvent lieu lors de la balance) et ça s’entend : mise en place impeccable, cohésion, arrangements soignés (exposé des thèmes). André Bonnin (solidité et clarté des lignes de basse) et Luc Desroy, guitare d’accompagnement (soliste aussi sur quelques titres) et chant, déroulent le tapis à deux solistes d’envergure , Claude Tissendier qui conjugue brio, autorité et swing à la clarinette et Romain Brizemur, styliste constamment inspiré se livrant à des questions réponses enlevées avec son petit camarade ; ça swingue (Quand Romain ne chorusse pas, il assure une rythmique imperturbable à la Fredddie Green) sans esbroufe, sans plan, sans virtuosité gratuite et sans bavardage ; que de la musique et de la bonne !
- Romain Brizemur © P. Ménerat
Avec un micro genre stimer sur sa guitare acoustique, le son de Romain n’est pas loin de celui de Django en 53, son phrasé fluide et aérien étant dans la lignée d’un Martin Taylor ; quant à ses chorus ils sont toujours personnels et remarquablement construits (interventions brillantes sur Ménilmontant, Minor Swing ou Swing 48 entre autres). Question répertoire, des compos de Django, pour l’essentiel celles des années de guerre, dont pas mal de très belles rarement jouées (Oriental Shuffle, Swing de paris, Dinette, Swingtime in springtime, Place de Brouckère…) et quelques chansons (Quand je monte chez toi, de Salvador, ma première guitare de Sacha Distel…) qui permettent d’aérer un peu le tout instrumental.
Triomphe mérité et trois rappels (Artillerie lourde, Swing guitar et une version sensible et poétique de Manoir de mes rêves) pour Django’s dream dont la classe et le talent méritent une reconnaissance décuplée. On aimerait voir un tel groupe à Samois par exemple !
- La Belle Equipe
Le lendemain soir, le clarinettiste Jean-Louis Charlas avait invité la belle équipe, excellent groupe troyen de swing musette composé de Fabien Packo, accordéon, Thierry Descamps et René-Pierre Adam, guitares et Serge Mouraux, contrebasse, 4 sérieux instrumentistes qui donnent une lecture personnelle de ce répertoire. Django fut à l’honneur bien sûr mais aussi Muréna (belles interprétations de Passion et d’Indifférence) et Privat (swing gitan). Le groupe envoya aussi quelques versions instrumentales de chanson (Ménilmontant, les copains d’abord ou Faut rigoler de Salvador auquel ils viennent de consacrer un CD très convaincant). Succès mérité pour ce groupe dont le talent mérite d’être reconnu bien au-delà de la région. Au final une manifestation tout à fait réussie.