En visite à Amsterdam en 2000, le violoniste et chanteur George Washingmachine fut introduit auprès de tout le gratin hollandais du jazz manouche. A cette occasion, il rencontra Reinier Voet et Jan Brouwer, tous deux guitaristes de l’incontournable formation Pigalle44. Formation avec laquelle il enregistrera par la suite régulièrement à chacune de ses successives visites aux Pays-Bas.
Aujourd’hui, Jan et Reinier ressortent de leurs tiroirs ces quelques bandes issues de trois courtes sessions datant des années 2000, 2002 et 2004. Qu’il eût été regrettable de nous en priver ! Constitué exclusivement de grands standards du jazz, le répertoire ne brille peut être pas par son originalité, mais nous réserve cependant quelques jolies perles. Et tout d’abord cette version assez inédite de Nuages dont je ne vous ferais pas l’offense d’en rappeler le compositeur, mais prise ici dans sa très élégante version anglaise intitulée It’s the bluest kind of blue et dotée de paroles signées Spencer Williams datant de 1943. Jan Brouwer m’a d’ailleurs précisé que ces paroles n’avaient été enregistrées à ce jour qu’à deux reprises par Denny Dennis et Peggy Lee !
Si le swing délirant de George Washingmachine nous avait impressionné dans son album précédent (Room 301 Sessions), c’est surtout sur les balades qu’il nous ravit ici : son Solitude tout de délicatesse et de retenue, doucement soutenu par l’élégante guitare de Reinier Voet est magnifique. Et il force également notre admiration en reprenant de très belle façon deux très beaux standards pas particulièrement faciles à chanter : Skylark et Moonlight in Vermont (avec là encore quelques beaux accords de Reinier rappelant parfois Johnny Smith...).
Et bien sûr, quand vient le temps du swing, Washingmachine (décidément, quel nom...!) retrouve son énergie, son drive et son humour pour nous servir quelques bijou parfaitement soutenu par l’excellente rythmique (Brouwer & Planting) rompue aux tempo les plus audacieux : on a beaucoup aimé l’inattendue et surjouée Russian Lullaby, l’efficacité et la cohérence de My melancholy baby et la fantaisie (s’inspirant beaucoup de Tex Avery...) de Some of these days qui clôt cet excellent album...
Gageons que Mr Washingmachine s’attardera encore et encore à Amsterdam...!