Ça fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles de Laurent Bajata, surtout lorsque il nous revient avec un nouveau disque.
Vieux briscard du swing manouche, accompagnateur de Raphaël Faÿs, de Romane et d’autres, il est n’est l’auteur que de deux disques sous son propre nom. En plus de trente ans. Autant dire qu’il ne faut pas rater ce troisième opus, Festival Swing, enregistré au sein de son nouveau quartet Djangomania. Car à ce rythme, la sortie d’un quatrième album n’est en effet envisageable, d’après mes calculs... qu’aux alentours de 2021 !
Au côté de Laurent à la guitare, on pourra entendre un second leader de grande classe : le clarinettiste (également saxophoniste) Didier Burgaud. Ce spécialiste du jazz/swing des années 40 au style proche d’Hubert Rostaing et de Buddy de Franco s’est tout naturellement tourné vers le swing manouche en écoutant le Django des années de guerre, quand le génial manouche en vint à préférer les clarinettes aux violons. On retrouvera à la rythmique deux habitués du style : le guitariste Ramon Galan (Minor Swing Quartet, Raphaël Faÿs, et dont on remarquera sur la pochette l’insolite micro Charlie Christian monté sur sa grande bouche) et le bassiste Simon Teboul (entendu longtemps chez Serge Krief, Moreno, Bajata, Belinsky...). Ils alignent tous deux une pompe solide, légère, motivante : infaillible.
Si l’album propose deux belles compositions de Bajata, Matin (déjà chanté par Le Szgab sur Paris brûle-t-il ?) et Passport to Django, joli titre mélancolique rappelant la grille de Cesar swing, le répertoire de Festival Swing s’oriente rapidement sur la djangologie des années 40, clarinette oblige. Les solistes sont tous deux magnifiques d’élégance, de swing et d’esprit. Bajata joue sur une guitare électrique au son particulièrement velouté, avec une discrète révèrbe : son style très caractéristique mélange agréablement phrasé manouche et feeling bop, son accompagnement aérien aux discrètes mais déterminantes relances sert parfaitement le discours sobre et distingué des improvisations de Burgaud qui sait aussi faire "monter la sauce" au bon moment !
Festival swing est un très bel album qui tient ses promesses des "swinging 40ies" du génial manouche, et Djangomania un quartet solide et raffiné qu’on ne manquera pas en concert. Dommage seulement que ce groupe de musiciens accomplis soit si discret et que la production de cet excellent disque soit elle si confidentielle...!
1. Matin (L. Bajata) 2’24
2. Songe d’automne (A. Joyce) 3’46
3. Manoir de mes rêves (D. Reinhardt) 4’10
4. Folie à Amphion (D. Reinhardt) 2’13
5. Douce ambiance (D. Reinhardt) 2’55
6. Blue drag (J. Mirow) 4’46
7. What kind of friend (E. Bernard) 2’57
8. Minor swing (D. Reinhardt/S. Grappelli) 2’45
9. Clair de lune (J. Kosma) 4’57
10. Dinette (D. Reinhardt) 2’24
11. Nuages (D. Reinhardt) 3’16
12. Viper’s dream (Thomkins) 2’30
13. Tears (D. Reinhardt/S. Grappelli) 5’00
14. Passport to Django (L. Bajata) 4’00
15. Swing 42 (D. Reinhardt) 3’47
16. Nuit de St Germain des Prés (D. Reinhardt) 2’35
Enregistré en septembre 2008.