Laurent Bajata sort ce "Rue de la Pompe" en 1999, soit plus de 20 ans après son précédent opus "Hommage à Django Reinhardt" paru chez Musidisc en 1978... le moins qu’on puisse dire, c’est que le gars aime prendre son temps !
En tout cas, toutes ces années lui ont été plutôt profitables puisque pour son grand retour sur disque, Bajata propose rien de moins que onze compositions, et jolies en plus. Une bossa nova ("Bossa en ré"), une valse ("La roulotte"), du nom d’un bar qu’il a tenu...) et une autre qui donne d’ailleurs une soudaine envie d’apéro ("L’amusette"), une "Mélodie roumaine" assez surprenante, et une jolie ballade pleine de tendresse dédiée à sa fille ("Ballade pour Lorina"). Mais à l’écoute de l’album, force est de reconnaitre que sa sensibilité de musicien le conduit surtout au swing tendance rabouine qu’il pratique avec enthousiasme, humour et une agréable légèreté. Les titres des morceaux sont très évocateurs de l’univers de ce vieux briscard du jazz qui rappelons le a accompagné Faÿs, Romane... et même Bousquet : Rue de la Pompe, Niglo swing, Swing roul’hot, Swing gentil... le ton est donné !
Passant selon ses humeurs du phrasé bop et délié à l’attaque manouche et rugueuse au poignet décollé avec une aisance toute singulière, son jeu électrique (une belle Guidon...) est une petite merveille d’originalité, d’invention et de fluidité. D’ailleurs, le guitariste n’hésite pas à scater et selon son inspiration à doubler ses chorus à la voix... Cette petite gymnastique musicale est toujours plaisante, surtout quand elle est bien faite !
A ses côtés, on pourra entendre la pompe toute en finesse de Ramon Galan, la contrebasse d’Alice Bassié et les balais de Serge Luc, une fine équipe qui colle bien au swing jovial et léger du sympathique guitariste.
Bref Laurent Bajata pratique une musique chaleureuse, gracieuse, populaire et parisienne façon bistro du 19ème, et même souvent rigolotte... à l’image du bonhomme, quoi !