Costel Nitescu est né en Roumanie. De formation classique, il devient très vite professionnel et tient à 16 ans le premier violon de l’Orchestre de Radio Bucarest. Voilà pour poser le client. Installé en France depuis 10 ans, il se forme rapidement une solide réputation d’excellent violoniste de musique tsigane et de jazz. Il accompagne le groupe Arbat, Mandino Reinhardt, Marcel Loeffler, Lemmy Constantine, Tchavolo Schmitt... bref, il devient très vite un musicien incontournable de la scène manouche nationale ! Et c’est donc avec un plaisir non dissimulé qu’on découvre aujourd’hui son premier album en leader.
Album qui sera un hommage à Stéphane Grappelli, qu’on se le dise ! Passage rituel quasi-obligé pour tous les violonistes de jazz marchant sur les traces du maître, cet hommage se démarque cependant du répertoire traditionnel du célèbre archet, et adopte une formule rythmique très éloignée de celle du quintet du HCF. Antoine Hervier (non, pas Hervé..!) au piano, Yves Rousseau à la contrebasse, Yoan Serra à la batterie... fine équipe réunie là par le violoniste qui affiche la couleur : plus de pompe ! Et ce n’est pas la présence sur trois titres du jeune guitariste virtuose bien connu des boeufs manouches parisiens Adrien Moignard qui le contredira. Même lui s’est mis (brillamment) à la sauce américaine et a délaissé sa copie Selmer pour une archtop (signée du luthier Béranger Griot).
Point de vue répertoire, ce ne sont pas une, ni deux, ni trois mais... neuf compositions qui illustrent cette première oeuvre ! On savait après l’avoir vu plusieurs fois en concert que Costel ne manquait pas de swing, mais on ne se doutait pas que tant de belles idées se bousculaient dans cette tête ! Car les thèmes sont tous très réussis : rappelant beaucoup Grappelli sur les ballades (Nightingale, Ballade pour Ileana), Costel fait preuve d’une forte inclinaison pour le be bop sur des titres plus enlevés (Nico, Blues for Ana-Maria) sans oublier d’où il vient (Gypsy fantasy, A night in Bucarest). Et c’est d’ailleurs sur ces titres où se mélangent les genres qu’on trouve le plus de fougue et d’originalité, les envolées bop ou tsiganes du violonistes étant solidement soutenues par une intelligente rythmique toujours présente et très respectueuse des idées de chacun.
Le seul regret viendra en revanche du son du violon qui n’est pas à la hauteur du talent du violoniste... vivement qu’on bannisse les cellules piezzo des studios d’enregistrement. Mais qu’à cela ne tienne, la qualité, le swing et l’esprit de cette musique font largement oublier ce petit désagrément acoustique.
Bravo les gars, on n’a pas fini de taper du pied en écoutant votre disque !
1. Nico (C. Nitescu) 3’49
2. Nouméa (C. Nitescu) 3’59
3. Nightingale (C. Nitescu) 5’27
4. A night in Bucarest (C. Nitescu) 4’07
5. Nature boy (E. Abhez) 3’03
6. Denise (S. Grappelli) 3’44
7. Remembering Stéphane (C. Nitescu) 4’11
8. Ballade pour Iléana (C. Nitescu) 7’20
9. It’s allright with me (C. Porter) 5’24
10. Gypsy fantasy (C. Nitescu) 4’20
11. Blues for Ana-Maria (C. Nitescu) 3’37
12. Anouman (D. Reinhardt) 5’52
Enregistré du 10 au 13 septembre 2007 au studio Guimick, Yerres.