On le sait depuis leur premier album, les Szgaboonistes, et particulièrement leur chanteur John Szgabounian, sont des p’tits gars engagés (on vous laisse deviner de quel côté) pour qui lutte des classes, révolution, et combat politique ne sont pas de vaines notions d’arrière garde mais plutôt une manière de vivre et d’envisager un monde meilleur. Ils ont d’ailleurs déjà largement donné de leur personne en se produisant lors de manifestations anti-racistes ou pour la défense de travailleurs injustement licenciés...
Avec Guerre d’Espagne, leur troisième disque et sans doute le plus abouti, le ton est donné : rendre un hommage appuyé aux courageux défenseurs de la Republica de 36 en lutte contre le régime fasciste. L’album est d’ailleurs parrainé par les Amis des Combattants en Espagne Républicaine et a reçu le soutient d’une vieille dame admirable, la fameuse résistante Lise London (ne pas rater son intervention sur l’ultime piste). Et c’est avec beaucoup de sincérité et d’authenticité que le Szgab va nous conter cette histoire, ou plutôt ces histoires puisqu’ici la grande et les petites se confondent. Au travers de ses chansons très réussies, tous les grands thèmes de l’épopée de 36 y passent : le courage des brigadistes antifascistes (Guerre d’Espagne, Le feu), la touchante camaraderie et la grande fraternité humaine (Les blousons, Loin de l’oued), les batailles héroïques (No pasaran), l’’insouciance et l’esprit léger du front populaire (Luna Park), mais aussi la douleur de la séparation (La lettre) et l’horreur de l’emprisonnement, de la torture et des exécutions (le très poignant Jugement dernier). Ne manque que l’attaque en règle contre les curés : une petite note d’irrévérence religieuse eût été fort bienvenue pour parfaire le tableau ! En revanche, les Szgaboonistes n’ont pas perdu leur humour : ne ratez pas l’hilarante et véritable histoire imaginaire des Ray Ban et de Raymond Bankerstein, vrai faux cousin éloigné d’André Balanéo...
Point de vue musique, on ne va pas changer les Szgaboonistes : un accordéon rappelant le musette de Jo privat, des guitares électriques et une énergie punk/rock qui invoque les Clash et qui colle parfaitement à l’esprit révolutionnaire de l’album (le titre Guerre d’Espagne cite Mick Jones...), et quelquefois des amplis en veilleuses laissant ronfler la pompe typée Favino de François Hégron (qui lâche encore ici quelques belles envolées debarrienne...). Entre rock et java, les Szgaboonistes semblent avoir finalement trouver un style assez unique qui avec Guerre d’Espagne trouve sa plus belle expression, même si certains regretteront peut être de ne pas entendre assez de roulements d’argentines et de guitares à pan coupé. Pourtant, leur style n’a jamais été aussi affirmé.
Chers Szgaboonistes, on est avec vous, whoueppa whoueppa, le poing levé. Viva la Republica... y no pasaran !
1. Guerre d’Espagne (J. Szgabounian/M. Jones) 3’14
2. Le feu (J. Szgabounian/G. Hadefi) 3’42
3. Ray Ban (J. Szgabounian) 3’02
4. Le jugement dernier (J. Szgabounian/M. Jacquot) 3’19
5. Loin de l’oued (J. Szgabounian/F. Hégron) 3’13
6. Entre chiens et loup (J. Szgabounian) 3’11
7. No pasaran (J. Szgabounian/G. Hadefi) 2’54
8. La lettre (J. Szgabounian/G. Hadefi) 3’20
9. Les blousons (J. Szgabounian/G. Hadefi) 2’37
10. En avant (F. Beranger) 3’43
11. Luna park (J. Szgabounian/G. Hadefi) 3’39
Enregistré au studio LDC, Montreuil