Nouveau venu dans la série des guitaristes manouches en culottes courtes, voici Brady Winterstein, 17 ans et tous ses doigts, originaire de Forbach en Lorraine et neveu du célèbre Hono Winterstein. On avait pu le découvrir au sein du Trio Winterstein sur la scène du festival de Samois en 2010 où le public l’avait reçu avec beaucoup d’enthousiasme. On lui souhaite évidemment le même succès pour son disque qui sort aujourd’hui.
Entouré d’une rythmique irréprochable avec Hono à la pompe et Xavier Nicq, jeune mosellan déjà entendu auprès de Samson Schmitt à la contrebasse, Brady peut faire montre de tout son talent. Car il en a, le bougre ! Son style déjà très virtuose emprunte autant à la tradition alsacienne (avec une solide main droite) qu’à celle de Stochelo Rosenberg pour la délié et la fluidité des notes. Et le répertoire, assez surprenant pour un gamin de 17 ans (tonton Hono y aurait-il mis son grain de sel...?) a de quoi séduire : des tubes de la pop passés à la moulinette manouche, grande tendance actuelle du style, avec Happy togeher, vieux single des Turtles, et Lady Madonna des Beatles ; des standards plus ou moins oubliés comme Harlem Nocturne (un temps popularisé par la série des Mike Hammer de Mickey Spillane) avec l’inégalable Marcel Loeffler à l’accordéon, You rascal you (grand jazz standard avant d’être francipopisé par Gainsbourg) et un magnifique solo d’Adrien Moignard en prime, Solitude, belle balade d’Ellington ; le joli thème de Mash d’Altman, Suicide is painless, régulièrement repris par les jazzmen, et bien sûr, des morceaux typique du répertoire manouche (La gitane, Joseph, Joseph avec le violoniste Martin Weiss) et de la djangologie (Dinette, Flèche d’or en compagnie du bassiste toujours déchainé Dominique di Piazza). On est également ravi de la reprise de Solo of bro, délicate valse lente du guitariste hongrois Costa Lukacs, un des trésors encore caché du jazz manouche dont la redécouverte et la reconnaissance restent à faire.
Si Brady Winterstein possède déjà une incroyable technique instrumentale (joli son, belle dextérité) il va lui falloir encore apprendre à laisser respirer la musique ; car souvent, la belle machine s’emballe, les phrases se répètent jusqu’à l’agacement et on finit par s’ennuyer. Mais rassurons nous, Brady n’a que 17 ans, et donc la vie devant lui pour l’apprendre ! Et son disque reste très prometteur d’un joli talent à venir...
1. Happy together (A. Gordon/G. Bonner) 3’16
2. Harlem nocturne (E. Hagen) 4’24
3. Flèche d’or (D. Reinhardt) 2’05
4. Lady Madonna (J. Lennon/P. McCartney) 2’05
5. Suicide is painless (J. Mandel) 3’47
6. Smoiserie (H. Winterstein) 4’20
7. You rascal you (S. Theard) 3’19
8. Joseph, Joseph (S. Cahn/S. Chaplin) 3’47
9. Swing 39 (D. Reinhardt/S. Grappelli) 2’23
10 I’ve had my moments (W. Donaldson/G. Kahn) 2’29
11. Dinette (J. Reinhardt) 2’32
12. Solo of bro (C. Lukacs) 3’48
13. Softly as in morning sunrise (S. Romberg/O. Hammerstein) 2’35
14. Solitude (D. Ellington) 3’37
15. La gitane (Tchan Tchou) 1’55
Enregistré à Downtown Studio (Strasbourg) en juillet 2010 et au studio Ferber (Paris) en octobre 2010.