Récente production du petit label Le Quecumbar, le bar londonien de Sylvia Rushbrooke où se produit tout le gratin du jazz manouche hexagonal... et international, ce Live in London est un très bon cru.
D’abord, parce qu’il nous permet d’entendre un guitariste trop rare et beaucoup trop discret à mon goût, l’étonnant Gary Potter. Son dernier disque en date, Solitude, était un album en solo total et datait déjà de quelques années... La belle affaire me direz-vous, les disques de cet excellent musicien de Liverpool restant toujours quasi introuvables. Grâce soit donc rendue à Sylvia d’avoir enregistré ce live qui bénéficiera au moins d’une distribution conséquente sur le net.
Gary Potter possède un style assez unique, mélangeant le jazz et le swing manouche à une bonne dose de picking et de style un peu "western"... Redoutable technicien, son jeu est fluide, virtuose, bourré d’idées, de feeling et de citations... Il faut l’entendre s’escrimer avec ingéniosité sur ces standards mille fois rabâchés (I can’t give you, Minor swing...), réussissant à capter malgré tout notre attention par des traits nouveaux, des arpèges inédits ou encore des voicings incroyables... Faire du neuf avec du vieux, ça n’est pas à la portée du premier guitariste venu ! Gary réussit cette gageure, citant Django par ici et inventant d’autres chorus par là. Quel merveilleux musicien, généreux et passionné dont on perçoit très bien en écoutant ce live combien il mouille le maillot et prend plaisir à cela !
A ses côtés, Gary à choisit la crème (anglaise, of course...) de la rythmique britannique avec Kevin Nolan (frère de Robin) et Ducato Piotrowski (manouche entendu chez Colin Cosimini) aux guitares, et l’imposant Andy Crowdy (Angelo Debarre, Lollo Meier, Diz Disley...) à la basse.
Si ce live frôle donc la perfection, le seul bémol viendrait peut être du chorus de trop... Car malgré la qualité incontestable de cette musique il y manque tout de même un second soliste pour tempérer l’ardeur de Gary qui au bout du 32ème chorus sur tel standard frôle l’exercice de pure démonstration technique (qui ravira certes le guitariste amateur, mais moins le musicien). Andy Crowdy, excellent soliste par ailleurs joue ce rôle à sa mesure, mais on n’ose imaginer ce qu’un bon violoniste ou encore un clarinettiste ou un accordéoniste aurait fait gagner en densité à cet enregistrement.
En tout cas, on aurait donné beaucoup pour assister à ce concert qui déborde d’énergie et de passion...
1. Djangology (D. Reinhardt) 3’56
2. Blues clair (D. Reinhardt) 5’05
3. Montagne Ste Geneviève (D. Reinhardt) 2’01
4. Nuages (D. Reinhardt) 4’32
5. Minor blues (D. Reinhardt) 6’05
6. Tea for two (I. Caesar/V. Yeomans) 7’23
7. Limehouse blues (P. Braham) 3’48
8. J’attendrai (D. Olivieri/G. Rastelli) 5’13
9. Troublant bolero (D. Reinhardt) 4’41
10. I can’t give you anything but love (J. McHugh/D. Fields) 7’00
11. Bossa Dorado (D. Schmitt) 5’14
12. Minor swing (D. Reinhardt) 6’32
13. Confessin (D. Daugherty/E. Reynolds) 3’50
14. Puttin’ on the Ritz (I. Berlin/H. Richman) 5’50
Enregistré live au Quecumbar, Londres, le 3 septembre 2007.