Enregistré en 2012, ce nouveau disque du groupe grenoblois emmené par le guitariste Laurent Courtois, ne m’est parvenu que très récemment ; d’abord, un packaging de ouf : un format 45 tours d’une trentaine de pages où les 12 compos de Laurent Courtois sont « illustrées » par lui-même ; le mot est faible puisqu’il s’agit d’une véritable création graphique rassemblant memorabilia (médiator, fac similés de tickets de concert, photos), partitions, dessins…le tout dans une mise en page poétique, avec en pages centrales un pop up du groupe ; bref le genre d’objet classieux que l’on a envie d’avoir et qui dissuade de copier le disque.

Et la zique dans tout cela, me direz-vous ? Et bien elle est à la hauteur de l’objet, mon bon frère ! Avec l’arrivée de Jean-Marc Michel, accordéoniste qui swingue en douceur et envoie quelques belles fusées, le quintette est devenu un sextette : Fabrice Bon, clarinette, Vivien Garcia, guitare, Hélène Avice, contrebasse et Laurent Chofflet, batterie.Si depuis 2002, le personnel bouge de temps à autre, Nuage de Swing suit son petit bonhomme de chemin sans changer fondamentalement d’esthétique, à savoir prolonger et enrichir la tradition. Et comme d’hab’, quelques invités sont venus partager la musique. Dès le premier morceau, on sait de quoi il retourne ; un swing tranquille à l’ancienne qui privilégie la belle mélodie, servi par une vraie mise en place (thèmes à l’unisson, questions-réponses, contrechants) et des interventions enlevées mais sans impatience des uns et des autres. Laurent Courtois est un sentimental nostalgique de l’enfance qu’il « évoque au gré des notes » et « laisse entrevoir au fil des images ».

Conjuguant sensibilité et finesse, son phrasé limpide et chantant s’inscrit dans l’école d’un Mandino Reinhardt. Il signe 12 compos à l’inspiration variée qui tiennent bigrement la route : swing (Sérénissime swing), valse (la vouise), bossa, exercice en solo (le très réussi Hommage n°3, inspiré des pièces en solo de l’illustre manouche), ballade sentimentale (cf Michelle et Georges qui a un petit air de cousinage avec Songe d’automne, le sourire d’Aline ou Rue de la petite vie, méditations musicales où le guitariste poétise finement). S’il rend hommage à Django (Django swing, avec un chorus ravageur du guitariste Sébastien Félix, invité sur ce titre), Laurent Courtois n’oublie pas son complice au sein du quintette du Hot club de France (Mr Grappelli). Bref, voilà de la belle beauté comme dirait l’ami Doudou. Nuages de swing, une formation qu’on aimerait voir à Samois !