Le public japonais et pas mal de musiciens nippons ont été infectés par le virus de Django ; c’est le cas de Mikiko Ishiuchi, jeune violoniste inconnue au bataillon, qui rend ici hommage au quintet du hot club de France, poussant la coquetterie jusqu’à venir enregistrer son disque à Paris avec des sidemen de luxe : Samuel Hubert, contrebasse, Bruno Ziarelli, batterie et Hugo Lippi, guitare ; en guest Florin Niculescu, qui assure la direction musicale et les arrangements (cf ceux superbes, pour deux violons, sur les 4 titres où il intervient), et Rodolphe Raffalli que j’ai un peu de mal à identifier, ne retrouvant pas son style si particulier ; est-ce lui qui chorusse à la guitare acoustique ? Et comme le livret est uniquement en japonais, mystère et boule de rom ! La demoiselle a du casser sa tire lire pour être entourée de ces cadors, un orchestre de circonstance qui se retrouve sur les compos les plus jouées de Django : Nuages, Swing 42, Mélodie au crépuscule…

Pas de pompe ici, mais une relecture plus jazz propulsée par l’excellente section rythmique (cf le drumming si particulier de Bruno Ziarelli sur Belleville ou sur la version très nerveuse de Daphné par exemple). Guitariste incontournable de la scène parisienne, notamment au sein du quartet de Fabien Mary, Hugo Lippi s’exprime à la guitare électrique dans les canons du jazz bop, avec un zest de gypsy touch, conjuguant dans ses interventions au phrasé fluide, sens aigu de l’improvisation, légèreté et fantaisie (cf l’intelligence de son chorus sur Troublant boléro). Encore trop sage et appliquée (cf sur Nuages par exemple où elle reste très classique, au plus près de la mélodie, alors que le guitariste se fend, lui, d’un chorus très original), le swing un peu crispé, et très loin de la virtuosité et de la flamboyance de son mentor (cf le chorus de Florin sur Belleville), la jeune violoniste est néanmoins boostée par cette équipe haut de gamme (cf les questions-réponses violon-guitare sur Minor swing). Bref, une session de luxe qui vaut surtout par la qualité de ses musiciens. Mais laissons à Mlle Mikito Ishiuchi le temps de murir…