C’est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition, le 21 septembre dernier, du guitariste Patrick Saussois. Pilier du swing gitano-parisien, découvreur de talent, producteur généreux et grand érudit du jazz, il nous laissera aussi de beaux disques et de jolis souvenirs. Bien plus qu’un guitariste "à la manière" de Django qu’il révérait, "La Sausse", comme le surnommaient parfois affectueusement ses amis musiciens cultivait surtout l’éclectisme : admirateur de Django, certes, et de Matelot Ferret, il était aussi un inconditionnel de Grant Green et de Wes Montgomery.
On retrouve cet éclectisme dans un de ses premiers album, C’est magnifique, enregistré en 1991 en compagnie de Jean-Claude Bénéteau (cb), Alain Claverie (g) et le violoniste Jean Toupance sur quelques titres. Patrick Saussois n’avait pas encore créé son merveilleux Alma Sinti avec son imaginaire et son syncrétisme si particuliers, mais l’amorce de son univers semble déjà ici en gestation. Saussois aime les standards de jazz comme C’est magnifique, Here’s that rainy day, Lil’ Darlin et surtout ses balades : en mélodiste convaincu, il expose amoureusement le thème de Tenderly avant de s’effacer devant un beau chorus de Bénéteau. De même, sur What a wonderful world, il ne peut durant son solo s’empêcher de toujours revenir au thème : rester au plus près de la mélodie, voilà l’un des secrets de son style ! On s’en rend compte également sur La saison des pluies, magnifique thème d’Elek Bacsik, dont Saussois, grand admirateur, a su se souvenir des lignes.
Le guitariste aime aussi la musique de Django dont il reprend Stompin’ at Decca, le rarement joué Paramount stomp et Chez Jacquet et les valses musettes (Flambée Montalbanaise de Viseur, La valse des niglos de Gusti Malha, Cœur vagabond de Joseph Colombo). Ainsi que le folklore tsigane (La cinquantaine, Route des acacias, La valse des officiers). Rajoutons à ce répertoire déjà très riche (22 titres, plus de 65 mn de musique...) un soupçon de bossa nova avec Jobim (Desafinado, Dorado Schmitt (Mimosa), et une compo, Preludio de Lodie qu’il reprendra d’ailleurs par la suite avec Alma Sinti.
Bref, C’est magnifique est au final un très bel album qu’il faut redécouvrir, et qui donnera un excellent aperçu de l’étendue des talents de Môôôssieur Patrick... Un album qui porte bien son nom, quoi...!
1. C’est Magnifique( C. Porter) 2:28
2. Deep Purple (P. DeRose / M. Parish) 4:05
3. Here’s That Rainy Day (J. Burke / J. Van Heusen) 3:06
4. Chez Jacquet (Django Reinhardt) 2:40
5. La Cinquantaine (G. Marie) 2:37
6. Lil’ Darlin’ (N. Hefti) 3:53
7. Preludio de Lodie (P. Saussois) 2:35
8. I Let a Song Go Out of My Heart (D. Ellington / I. Mills / H. Nemo / J. Redmond 3:19
9. Route des Accacias (Trad. hongrois) 3:49
10. What a Wonderful World (G. Douglas / G.D. Weiss) 3:44
. 11. Mimosa (D. Schmitt/P. Winterstein) 3:58
12. Flambée Montalbanaise (Gus Viseur 2:39
13. La Saison des Pluies (E. Bacsik / S. Gainsbourg) 3:38
14. La Valse des Officiers (Trad. russe) 2:14
15. Paramount Stomp (S.Grappelli / D. Reinhardt )2:03
16. Tenderly (W. Gross / J. Lawrence) 3:32
17. Deux Guitares (Trad. tzigane) 3:28
18. Coeur Vagabond (J. Colombo) 2:14
19. Stompin’ at Decca (S. Grappelli / D. Reinhardt) 2:02
20. Desafinado (A.C. Jobim / N. Mendonça) 3:55
21. La Valse des Niglos (Gusti Malha) 2:48
22. Choupou (J.C. Bénéteau) 1:37
Enregistré les 31 octobre, 5 novembre 1990 et 20 novembre 1991 au studio MESA.