- © P. Rappeneau
Antoine Boyer a l’âge du festival ; 19 ans ! Malgré son jeune âge, le guitariste n’est pas un débutant ; après 3 disques aux côtés de son père, le voilà maintenant à la tête de son propre quartet : Jean-Charles Bavouzet, contrebasse, Pablo Robin, guitare d’accompagnement et Jean-Philippe Watremez, guitare. Devant un public venu en nombre (le festival est attendu) et dans conditions optimum (belle salle de 300 places avec son et éclairage à la hauteur), ils ont ouvert la 19ème édition de Guitares du monde, manifestation bien installée dans ce département de l’Aube pourtant quelque peu sinistré économiquement et culturellement.
Si le quartet fait la part belle aux compositions d’Antoine (le magnifique Sita à la mélodie dépouillée exhalant une incroyable mélancolie et où pointe l’influence de Francis Alfred Moerman, le tarabiscoté Rien n’est simple, qui porte bien son nom, la virtuose Valse à Simon, l’orientalisant Vlatko et Sirakov), les reprises font l’objet de medley originaux soignés (le très sentimental Il ne faut pas briser un rêve, de Jean Sablon, enchainé avec le nerveux Flèche d’or de Django, ou Au temps des verdines, magnifique compo de FA Moerman qui 15 ans auparavant s’était produit dans cette même salle, avec une pièce de Scriabine et un chant traditionnel arménien).
- © P. Rappeneau
Antoine prend actuellement des cours de guitare classique au Conservatoire de Paris et cela s’entend. S’il fait preuve de virtuosité quand il faut, il privilégie avant tout la sculpture de la note, la précision du phrasé et la musicalité. A signaler aussi Plachterida, magnifique compo de Fapy Lafertin aux accents portugais ou Vette compo rarement jouée de Django Reinhardt, dans des versions enlevées.
La section rythmique tourne très efficacement (solide contrebasse, pompe imperturbable) et déroule le tapis aux deux solistes qui font preuve d’une belle complicité (questions réponses, chorus superposés, unissons, contrechants) dont les styles différents et
- © P. Rappeneau
complémentaires donnent un bel équilibre à l’ensemble : le phrasé parfois acrobatique d’Antoine conjugue swing manouche et accents classiques, celui de Jean-Philippe Watremez jazz et accents d’Europe centrale. Succès mérité ; en rappel, Antoine joua une pièce en solo dans la lignée des improvisations solo de Django, puis rejoint par ses petits camarades, Them there eyes et Minor Swing. Loin des cadres convenus du swing manouche, Antoine Boyer édifie son propre univers avec une sérénité et une maturité étonnantes pour son âge ; un futur très grand !