Périlleux exercice que celui de se lancer dans un album complet pour guitare solo ! Bien connu dans le milieu manouche (5 albums et 2 méthodes à son actif) le discret guitariste Daniel Givone a expérimenté toutes sortes de musiques : be-bop, rock, blues, musiques ethniques notamment népalaises (notre homme va d’ailleurs se ressourcer régulièrement au Népal) ; bref, Daniel a plus d’une corde à sa guitare et maitrise son sujet.
Ni carte de visite ni « regardez tout ce que je sais faire », le propos de ce disque est ailleurs, bien sûr ; avant tout dans l’amour que le guitariste porte à toutes les musiques, pourvu qu’elles soient bonnes ; il nous propose ici 10 compos originales( basées pour une large part sur l’improvisation), dans les différentes esthétiques musicales qu’il affectionne, choisissant à chaque fois l’instrument approprié : guitare nylon pour des méditations musicales façon classique (Corps andalou, Destination), guitare Selmer pour l’univers manouche (cf Django ce héros, bel hommage à l’illustre manouche où Daniel mêle jeu en accords et en single notes), guitare électrique jazz (cf Hey Joe, clin d’œil non pas à Hendrix mais à Joe Pass , Daniel assurant, comme l’homme orchestre américain, lignes de basse, accords et longs chorus qui tuent), guitare électrique rock (cf le déluge sonore du chaos et ses longues phrases saignantes entre Hendrix et Alan Holdsworth, entre autres killers de la 6 cordes), guitare folk (le dépouillé Ode to Willy empreint de spiritualité). Aucune esbroufe mais une attention portée aux possibilités sonores de chaque instrument, Daniel ne mettant en jeu sa virtuosité que si la musique l’impose. Avant tout improvisateur, le guitariste est également un mélodiste qui aime instaurer un climat (cf Sur la route du Népal ou le très oriental Elephant, magnifique thème joué au dobro, où l’on n’est pas loin de l’univers de Shakti de Mc Laughlin).
Conjuguant ouverture, maturité et sérénité, ce disque apaisé et apaisant se termine par peu de mots pour papa, un hommage sensible à son père. Un beau disque qui mériterait davantage de visibilité.
1. Corps andalou 3’53
2. Destination 3’39
3. Django ce héros 4’18
4. Duke Albert 4’01
5. Elephant 4’20
6. Sur la route du Népal 5’01
7. Hey joe 2’55
8. Ode à Willy 4’15
9. Le chaos 4’41
10. Peu de notes pour papa 3’54
Compositions : Daniel Givone. Givone joue sur Selmer (1946), Gibson ES175 (1957), Gibson SG (1963), folk Takamine, électrique Denis Chaigneau, nylon Amansa.