Paulus est sur tous les fronts ; après le récent disque du Hot club d’Europe dans lequel il est co leader avec le guitariste Olli Soikkeli, le voilà cette fois en compagnie de l’accordéoniste Dominique Paats ; les deux musiciens se sont rencontrés fin 2012 à Maastricht ; réunis par un même plaisir de jouer et d’échanger, le courant est passé. La solide section rythmique (Noah Schäfer, contrebasse et Romino Grünholz, guitare d’accompagnement) déroule le tapis aux deux virtuoses qui font preuve d’une belle complémentarité et se boostent l’un l’autre ; S’ils lâchent régulièrement les chevaux pour envoyer fusée sur fusée (cf Softly as in a morning sunrise, It’s all right with me dans une alternance mid tempo/accélérations foudroyantes ou Rocky thème du film du même nom qui ouvre l’album et lui donne son titre), les deux solistes savent aussi laisser la musique respirer (cf la belle vie de Sacha Distel ou That’s what friends are for).

Styliste au phrasé limpide et fluide, héritier de l’école hollandaise de guitare (Wasso Grünholz, Stochelo…), Paulus n’oublie pas de mettre du sentiment dans les notes (cf Nostalgia, jolie ballade du compositeur et saxophoniste de jazz russe Igor Butman où le guitariste conjugue lyrisme et poésie, bien relayé par l’accordéoniste lui aussi dans une veine sentimentale). Ils essaient aussi de renouveler un répertoire trop souvent convenu dans le style. Le chanteur hollandais Roger Villevoye est invité sur deux titres dont une reprise de Bécaud interprétée dans le dialecte de Maastricht. Le quartet reprend aussi Copacabana, tube pop de 1978 de Barry Manilow et Princesse accordéon, valse de 1955 du compositeur accordéoniste Roger Dufas.

Voilà un quartet qui décoiffe (mise en place, sérénité, plaisir de jouer…) qu’on aimerait bien voir dans notre beau pays !