Encore un hommage à Django ! L’anniversaire du centenaire de sa naissance est aussi l’occasion de rappeler que Django est une source d’inspiration permanente pour pas mal de musiciens, en l’occurrence ici le violoniste Florin Niculescu. Il a eu la bonne idée de choisir 10 thèmes en général peu enregistrés par l’illustre manouche (et du coup peu joués par ses héritiers), témoignant de son immense talent de compositeur : Impromptu, Souvenirs, Double scotch, Brick top…Précisons tout de même que Viper’s dream et Dream of you ne sont pas de Django, comme indiqué par erreur, mais respectivement de Fletcher Allen et Oliver Lunceford. Se démarquant des innombrables hommages qui fleurissent depuis un certain temps, Florin interprète ces morceaux non pas façon swing manouche mais comme des standards de jazz, étant en cela plus fidèle à l’esprit de Django qui, lui, a toujours joué du jazz ! L’accent est mis sur le piano ( les excellents Florent Gasc ou Thüryn Mitchell ; on aurait aimé savoir qui joue selon les titres) dont la place au sein de l’ensemble est aussi importante ou presque que celle du violon et non pas sur la guitare, même si David Reinhardt intervient à la guitare électrique sur Dream of you et Vamp, magnifique ballade que Django n’enregistra qu’une seule fois en 51 et où David n’est pas sans évoquer Babik, son regretté père, et Samson Schmitt sur 2 ou 3 titres (cf ses chorus enlevés plus dans la tradition manouche sur Tears et Viper’s dream avec un son proche de celui de Django en 47). Pas de pompe donc mais une vraie rythmique jazz impériale (Darryl Hall, contrebasse et Bruno Ziarelli, batterie)et bien mise en valeur (cf par exemple sur le merveilleux Porto cabello, au thème lancinant un brin mystérieux ou les questions réponses sur Impromptu). Plus sobre qu’à l’accoutumée, en tous cas moins impatient, Florin se concentre sur le son et le touché conjuguant dans ses improvisations toujours très enlevées, fluidité, lyrisme et respiration (cf sa version sensible de Lentement mademoiselle où son violon a des accents classiques, ou Souvenirs où il poétise finement sans oublier le swing). Voilà de vrais jazzmen dont les interprétations manifestent un profond respect et une grande admiration pour l’œuvre de Django. Une belle réussite !