Aurélien Bouly nous avait laissé une excellente impression en 2008 avec un premier album éclectique enregistré au sein de son ensemble Tarne Spilari. Il nous revient cet automne avec un projet plus personnel particulièrement audacieux... et qui annonce la couleur : le Latin Jazz Manouche Concept. Fichtre !
Si, pris par surprise, la pochette flamboyante (et bien dans la lignée de la précédente) a failli nous échapper des mains quand on l’a sortie de son enveloppe, le CD a en revanche lui bien le trouvé le chemin de notre platine où il y tourne en boucle depuis. On n’attendait pas Aurélien, renommé pour sa parfaite connaissance du répertoire de Django, sur ce registre très latin, et c’est une excellente surprise !
Pour décliner son jazz manouche sur un mode salsasero, Aurélien a donc beaucoup travaillé sur le rythme, s’appuyant sur la fameuse clave et cherchant à reproduire à la guitare (par l’utilisation du mediator ou des cordes etouffées...) le rôle des percussions (tumbaos, cascara, etc). Et ça marche ! Il s’est aussi intéressé à la samba et au choros n’hésitant pas à utilisé une guitare sept cordes en guise de basse pour se rapprocher au maximum du groove brésilien (Preciso me encontrar).
Le répertoire est donc constitué de grands standards du répertoire latino : Ray Barretto (Arllué), Tito Puente (Oye como va, Baila Simon), Dizzy Gillespie et son Tin tin deo côtoient la chanson brésilienne de Cartola (superbe Preciso me encontrar). La djangologie n’est pas oubliée : Belleville et Les yeux noirs sont astucieusement repris en merengue et son cubain. Enfin, Aurélien signe ici quelques belles compositions tantôt impertinentes (Minor latino), dansantes et carnavalesques (Sambaore), ou plus hardies (Gypsy guajira, Funkito).
Pour l’accompagner dans son voyage afro-cubain, Aurélien a fait appel à un spécialiste de la salsa, le contrebassiste Patrick Vassort, et aussi à ses habituels compagnons de route qui ont donc dû "réinventer leur instrument" : Stéphane Morin à la rythmique et Sharl Dragan au violon. Pari réussi et bravo à toute l’équipe pour cet très joli disque inattendu et toujours surprenant.
1. Arllué (R. Barretto)
2. Belleville (D. Reinhardt)
3. Baila Simon (T. Puente)
4. Oye como va (T. Puente)
5. Preciso me encontrar (Cartola)
6. Minor latino (A. Bouly)
7. Tin tin deo (D. Gillespie)
8. Sambaoré (A. Bouly)
9. Gypsy guajira (A. Bouly)
10. Lloraras (O. d’Icon)
11. Funkito (A. Bouly)
12. Les yeux noirs (trad)
Enregistré au studio Tornado (77) courant 2011.