Sorti en 2006 et un peu oublié de nos bons soins, Maïjee est pourtant une petite merveille permettant de mesurer le travail accompli par un guitariste manouche de tout premier plan, l’excellent Ritary Gaguenetti. Si certains jeunes musiciens du style semblent se cramponner au style du Django de 1937, on sent nettement chez d’autres le désir de s’émanciper de la tradition reinhardtienne en s’aventurant du côté du rock, des musiques du monde, d’un jazz plus contemporain voire même de la fusion. Chez Ritary, c’est la funk.
Enregistré en compagnie de sa formation habituelle (Hervé Gaguenetti, Vladimir Torres et Christophe Panzani au sax), l’excellent pianiste Vincent Bidal déjà entendu chez Yorgui Loeffler vient prêter main forte au Fender Rhodes avec beaucoup de pertinence. Si on retrouve encore une pompe traditionnelle sur quelques titres (Nuits de St Germain des Prés, A l’instant, charmante compo de Ritary, My Home ou l’hommage For Sylvia à la patronne du Quecumbar), celle-ci tend à s’alléger au profit d’une rythmique plus aérienne et funky sur d’autres : More d’Ortolani, Un si long voyage ou encore la superbe reprise de Kool and the Gang Cherish. Le jeu de Ritary s’envole carrément dès qu’il se met à l’archtop en adoptant un phrasé plus bensonien que celui de Benson (Myna bird blues). C’est particulièrement flagrant sur trois titres (dont l’excellent Maïjee) que le guitariste enregistre avec une nouvelle rythmique électrique particulièrement déchainée (Eric Santato/Julien Régnier/Etienne Demange) : cocottes et basse survoltée au programme, on se croirait dans un album de Benson des 70ies avec Phil Upchurch à la guitare... Bravo pour le feeling !