Enregistré en 2008 et sorti à l’été 2009 sous un petit label espagnol et dans une relative discrétion, Gipsy Soul, le dernier album en date de Ritary Gaguenetti vaudra largement les efforts que vous devrez déployer pour vous le procurer (plus maintenant, il est en vente ici !).
Ritary, guitariste de Besançon particulièrement attachant est certainement parmi tous les virtuoses manouches actuels celui dont le jeu a le plus évolué vers un style assez unique à mi-chemin de la plus pure tradition reinhardtienne dont il est issu et d’un jazz beaucoup plus moderne. S’inspirant autant de George Benson et des guitaristes américains que des étoiles de la bosa nova et des ténors de la funk, Ritary nous présente avec Gipsy Soul son travail peut-être le plus abouti, travail qui l’a mené vers une sorte de fusion manouche très personnelle et superbement efficace.
Et pour cela, le guitariste s’est entouré d’une équipe qu’il connait bien et qui assure : Vladimir Torres, toujours admirable à la contrebasse mais plus inattendu à la basse électrique sur des riffs funky en diable, Hervé Gaguenetti, le cousin et compagnon de route des débuts à la guitare rythmique rassurante, Arnaud Renaville à la batterie, Christophe Panzani aux sax et flûtes qu’on aime particulièrement au soprano... Et surtout, il y a aussi Vincent Bidal, déjà entendu auprès de Yorgui Loeffler, toujours excellent, et installé ici devant le clavier d’un Fender Rhodes fort bienvenu et fort bien joué qui apporte énormément de couleur à cet album.
Le répertoire est en majeure partie composé d’inédits, et tout le monde va mettre la main à la patte. On aime beaucoup le morceau d’ouverture qui donne le ton, le bien nommé Ritary goes funky et ses arrangements signés Panzani rappelant le son Blue Note des 70ies. George Benson n’est jamais très loin non plus, surtout avec l’hommage G&B Connection tout droit dans la lignée de Breezin avec ses nappes de Rhodes, ses lignes de basse funky, ses wah-wah, ses flûtes et Ritary qui joue de l’Ibanez comme le Maître de L.A. himself...! Côté latin, Mr G. n’hésite pas à ranger l’électrique pour une corde nylon (Por amar una sirena) sur fond de percus apuyées. On notera au passage l’audace du Ritary G sound, sorte de rap latino particulièrement chaleureux et qui doit casser la baraque en concert. Mais ce qu’on préfère par dessus tout, c’est peut-être ce mélange des genres entendu sur Latin bebop où la pompe traditionnelle d’Hervé Gaguenetti vient se fondre dans le son feutré du Rhodes de Vincent Bidal, le jeu électrique de Ritary dominant le tout et réalisant ainsi la plus belle illustration de fusion manouche de l’album.
Pas de doute, c’est du Gipsy Soul. Et du bon...!
1. Ritary goes funky ! (C.Panzani)
2. En passant par Paris (V. Bidal)
3. Ma vie sans elle (Ritary Gaguenetti)
4. Latin bebop (Luis Salinas)
5. G&B Connection (Ritary Gaguenetti-V. Bidal)
6. I’ll be there (B. Gordy Jr/B. West/H. Davis/W. Hutch)
7. Por amar una Sirena (Ritary Gaguenetti)
8. That kind of swing (Robert Gaguenetti)
9. Un banc pour voir Paris (C. Panzani)
10. ITC (V. Torres)
11. Overjoyed (S. Wonder)
12. Ritary G Sound (Ritary Gaguenetti - Mr Sacha)
13. Back to the roots (Robert Gaguenetti)
Enregistré au studio Gam à Waimes (Belgique) du 25 au 29 août 2008 sauf (7) enregistré au sudio ILC, Bagnolet, le 3 octobre 2008.